Pour une démocratie directe locale

Face à la mutation sociétale en cours : l'élévation de nos démocraties

Un exemple de propagande pour une fausse démocratie après la commune de Paris

Un exemple de propagande pour une fausse démocratie après la commune de Paris

Sylvain Rochex

Un certain Charles Bigot répond à Renan en 1878 dans « La revue politique et littéraire ».

C'est une période cruciale pour le régime oligarchique dont nous souffrons aujourd'hui.

Cette période où il a fallu pour les pourris, travailler à l'inversion du sens des mots, à nier la contre-révolution platonicienne tout en diffusant les idées antidémocratiques de Platon.

Texte hallucinant où ce Bigot tente de nous convaincre

que l'aristocratie élective et la démocratie c'est la même chose.

Le travail qu'il exécute dans ce texte fait partie du grand mouvement d'ensemble des faux-intellectuels et politiques de l'époque.

Ce texte est un bijoux de méritocratie. De l'antidémocratisme implicite terrible sous couvert bien-sûr d'être un démocrate acharné.

Il fait sciemment une confusion entre les leaders athéniens et l'aristocratie élective. Il se sert des premiers pour justifier la seconde de façon éhontée, pour enfumer !!!!

Il ne cesse de dire tout et son contraire : que le peuple peut s'auto-gouverner et qu'une élite doit le gouverner. DE LA SCHIZOPHRÉNIE D'OLIGARQUE !

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« L'erreur politique de M. Renan provient d'une double cause :

l'opinion qu'il s'est faite de la masse de l'humanité; la conception qu'il s'est formée de l'aristocratie.

La foule à son avis n'est capable ni d'intelligence, ni d'initiative, ni de responsabilité.

Les petites vertus, celles dont le christianisme a fait le fond de son enseignement, l'humilité, la patience, l'obéissance, l'abnégation, la pratique des devoirs ordinaires de la vie, lui appartiennent seules : la sainteté est le but unique qu'elle se puisse proposer.

Elle n'a dès lors qu'à se soumettre à la direction de quelques-uns ;

la contrainte même est légitime si elle est nécessaire pour atteindre à ce résultat : l'organisation sociale devient quelque chose de semblable à une armée prussienne en marche, avec son chef qui ordonne tous les mouvements, sa hiérarchie de généraux, de colonels et de soldats, chargés d'exécuter les ordres, les uns avec intelligence, les autres passivement : les uns véritables collaborateurs, les autres purs instruments.

Il est, heureusement pour la dignité humaine, une autre façon de comprendre l'organisation sociale.

Il est parfaitement vrai que ni l'intelligence ni la culture d'esprit ne sauraient être pareils entre tous les hommes ; si la conscience rêve d'égalité, c'est la nature elle-même qui a fait et qui maintient l'inégalité.

 Il est parfaitement certain qu'il y a profit pour tous à ce que ceux qui l'emportent par l'instruction, par la valeur intellectuelle et morale, soient les guides d'une société et ses chefs. 

Un lourd et pesant rouleau broyant tous ceux qui s'élèvent au-dessus d'un certain niveau transformant l'humanité en une lande uniforme et plate, serait le plus abominable comme le plus funeste des despotismes (Ndlr : de l'antidémocratisme platonicien pur et dur). 

Les grands hommes sont des initiateurs.

Ce sont eux qui guident les peuples, ce sont eux qui leur montrent la voie;

ils sont la colonne lumineuse qui au travers des déserts les mène vers la terre promise où souvent il ne leur sera pas donné à eux-mêmes de pénétrer. 

Il y a toujours eu, il y aura toujours des aristocraties sur la terre;

il y en aura jusque dans le règne de la démocratie : malheur aux nations du sein desquelles toute aristocratie aurait disparu !

Mais voici les deux différences profondes entre l'aristocratie telle que la conçoit la démocratie, et l'aristocratie telle que l'établissent les autres formes de gouvernement.

Dans un gouvernement monarchique, les aristocraties dominent par la contrainte.

Elles doivent leur autorité à l'institution des castes.

Elles règnent ou par la force du sabre ou par la docilité passive. 

Dans la démocratie, au contraire, elles demandent leur autorité à l'intelligence même de ceux qui admettent leur hégémonie.

L'obéissance qu'elles rencontrent, c'est l'obéissance volontaire.

Leur autorité est acceptée précisément parce qu'elle est reconnue salutaire.

Le peuple ne s'avilit point, le peuple n'abdique point ; mais il se tourne lui-même en toute occasion difficile vers ceux qu'il a jugés les plus éminents, les plus sages, les meilleurs, vers ceux qui représentent le mieux son âme et sa conscience.

Il les appelle et leur dit, selon la parole de la Bible: « Viens et juge Israël. » Il ne les abandonne que si quelque autre à son tour leur a paru un conseiller meilleur.

Voici la seconde différence.

Les aristocraties monarchiques sont fondées sur la naissance.

C'est la place où un homme est né qui lui fait sa part et marque son influence sociale. Or ce n'est point la place où un homme est né qui fait sa prééminence légitime, c'est la valeur intellectuelle et morale que la nature a mise en lui, c'est la valeur qu'il a su, par l'éducation, s'ajouter à lui-même.

La nature se rit de « nos divisions sociales : elle fait naître indifféremment l'homme de génie dans une chaumière et l'imbécile dans un palais ; souvent même, à mérite égal, les difficultés que l'un rencontre pour vivre développent en lui l'intelligence et l'énergie, tandis que les facilités que l'autre rencontre ne font que l'amollir et étouffer les dons naturels qu'il avait reçus. 

Ainsi, tandis que la société gagnerait à être conduite par ceux qui sont véritablement l'élite naturelle de la génération, il se trouve au contraire, dans les pays d'aristocratie constituée, qu'elle est en réalité conduite à sa perte par les plus médiocres, les moins laborieux, les moins vaillants, les moins généreux, les moins intelligents. (Ndlr : Confusion ! puisque que tu es pour une aristocratie élective !!)

Dans le régime démocratique, une aristocratie n'existe pas moins, mais une aristocratie qui est le résultat, non du fait brutal de la naissance, mais du mérite personnel (Ndlr : L'ENA, c'est ça ?). L'hégémonie leur appartient non pas comme un héritage, mais comme une conquête. 

A chaque génération, l'aristocratie se compose, non pas des fils de telles ou telles familles privilégiées, mais de tous ceux, en quelque lieu qu'ils soient nés, qui ont fait leurs preuves, acquis leurs grades eux-mêmes, pris la tête de leur génération dans le cirque la vie. 

Tous sont appelés à l'honneur de conduire les autres, soit dans l'action, soit dans l'étude, et ceux-là remportent le prix qui ont su l'atteindre.

A l'aristocratie artificielle et si souvent fatale succède l'aristocratie naturelle et vraiment légitime ; le monde est vraiment conduit par ceux qui sont dignes de le conduire, et ce superlatif, les aristoï, les meilleurs, réellement justifié.

Telle fut l'aristocratie dans la démocratie athénienne.

Qu'étaient-ce que ces conseillers du peuple, ces orateurs, hommes d'État sans titre officiel, sans mandat, qui haranguaient le peuple sur la colline du Pnyx, ces poètes qui transportaient d'enthousiasme au théâtre, de Dionysos, ces philosophes qui rassemblaient leurs disciples sous le portique du Lycée ou aux jardins d'Académos, qu'étaient ce que hommes, sinon la noble et généreuse aristocratie de ce pays qui n'en voulait pas reconnaître d'autre ?

Le hasard les avait fait naître ici ou là d'une sage-femme, d'un marchand fruits ou d'un métèque, ou sortir d'un sang illustre déjà : ils étaient riches ou pauvres, mais tous, en entrant dans la vie, avaient fait leurs preuves.

Ils ne valaient les uns et autres que par le talent qui était en eux, et dans la mesure où il était en eux.

Les uns et les autres, le peuple les écoutait ; et c'est à celui qui paraissait avoir le plus raison, lui donner les avis les plus nobles et les plus sages, qu'il accordait l'avantage, ne séparant jamais la nation elle-même d'une élite éminente et voulant toujours que le dernier mot appartint à la volonté générale.

Ce nom d'Athènes est au bout de ma plume depuis j'ai commencé cet article ; et vraiment voici ce que je` pardonne le moins à M. Renan : il a blasphémé notre mère commune.

Cette démocratie intelligente, fière et noble, Athènes l'a manifestée dans son radieux épanouissement. 

J'ai fait, moi aussi, le pèlerinage à la cité sainte qui a illuminé le monde et qui le domine toujours ; je suis, moi aussi, monté à l'Acropole; j'ai, moi aussi, sur les marches du parthénon, en face de la mer de saphir, invoqué l'immortelle déesse, la raison sereine et haute, la résolution virile, l'énergie vaillante et fière (Ndlr : c'est toi qui blasphème !!)Moi aussi, je crois qu'il n'est de peuple capable de compter dans le monde, d'homme digne de vivre que, celui qui met la science, les hautes ambitions, l'héroïsme, au-dessus du plaisir, au-dessus de la vie même.

Mais moi je crois que la raison, l'intelligence, la fierté doivent seules animer les nations.

Et c'est précisément parce j'ai cette foi, que je supplie ma patrie de ne point consentir à mettre son espérance ailleurs que dans la démocratie.

Oui, comme la race athénienne, la race française est généreuse ; elle peut confier ses destinées à elle-même sans crainte de trouver au fond de son âme des inspirations viles, le consentement facile aux lâchetés, l'égoïsme misérable, l'indifférence à la gloire nationale; on peut, devant elle aussi, jurer par les morts de Marathon.

Elle a plutôt à redouter les entraînements nobles, mais inconsidérés. 

Elle aussi saura comprendre l'appel des plus instruits et des plus glorieux de ses enfants. 

Ni l'art, ni la science, ni la poésie, ni l'éloquence, rien de ce qui fait la grandeur d'une civilisation ne lui sera étranger. L'aristocratie d'Athènes n'avait à son service, pour exercer son influence sur la nation, que la parole : la nôtre, outre la parole, a les livres, les Revues, les journaux, ce merveilleux instrument de la presse qui porte la pensée, de celui qui l'a conçue, au plus modeste, au plus éloigné de ses compatriotes (Ndlr : quand elle est acheté par les marchands d'arme et de canon, c'est ballot !!).

Elle périra sans doute à son tour cette démocratie française, puisque tout s'use, et passe dans l'éternel devenir d'ici-bas, les races comme les hommes, et ce qui doit suivre un jour, je l'ignore. La patrie de Priam et les tours de Troie se sont abîmées dans les flammes.

Athènes, elle aussi, n'est plus qu'un nom immortel. Mais ce n'est pas le moment, à l'heure où l'aube se lève, de songer aux tristesses du couchant et à la nuit où le soleil après sa course lumineuse, ira s'éteindre. Ce que je sais, c'est que la démocratie est seule possible en France aujourd'hui; ce que je crois, c'est qu'elle fera la France plus grande au XXème siècle et plus forte que ne l'a faite autrefois la monarchie. »

CHARLES BIGOT.

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