Turbulences au conseil municipal de Strasbourg 25 décembre 2012

[tinsmar]

article d'origine en Allemand :

Mercredi dernier, le sénateur-maire de Strasbourg, Roland Ries, a annoncé en quelques paroles expéditives, qu'il retirait, avec effet immédiat, toutes les délégations de Chantal Augé, son adjointe en charge des marchés publics (photo). Que M. Ries ait insisté en même temps sur le fait que ce retrait de fonctions n'était en aucune manière lié aux activités de Mme Augé dans l'association nouvellement fondée, "Anticor 67", démontre assez que la question était précisément celle-là.

Retour en arrière, quelques jours plus tôt : plusieurs politiciens locaux toutes tendances confondues, fondent, sous la présidence de Chantal Augé, l'antenne strasbourgeoise du réseau anti-corruption "Anticor 67". Aussitôt, une clameur d'indignation s'élève des bancs de tous les groupes politiques siégeant lors du Conseil Municipal. La création d'un réseau qui lutte contre la corruption et pour davantage d'éthique en politique semble irriter, à gauche comme à droite. Mais, comme on l'a vu plus haut, le retrait de fonction de Chantal Augé n'a "absoooolument rien" à voir avec le fait qu'elle soit présidente d'une association dont la création est qualifiée, par le 1^er adjoint au maire de Strasbourg, de "faute". On avait rarement vu les conseillers de droite et de gauche aussi unis ; la lutte contre la corruption doit être combattue, sinon l'idée qu'il y a effectivement quelque chose à dissimuler pourrait finalement germer dans l'esprit de certains...

Officiellement, la raison du retrait de délégation de Chantal Augé est son "manque de solidarité" avec l'actuel exécutif de la Ville. Et nous voilà de nouveau témoins d'une étrange manière de comprendre la démocratie, une conception qu'avait déjà illustrée le maire au début du mois de décembre face à ses alliés écologistes. Cela donne ceci : "On peut discuter de tout à la Municipalité, mais lorsqu'une décision a été prise, chacun doit s'y soumettre, sans prendre position publiquement"

En octobre prochain, le "Forum mondial pour la démocratie" se tiendra à Strasbourg. Il serait justement intéressant d'organiser à cette occasion un débat sur l'art et la manière dont la démocratie à la française se distingue de la démocratie dans le reste de l'Europe. Car, en fin de compte, la démocratie est quelque chose qui ne peut pas sans cesse se composer de beaux discours rendus en son honneur, elle doit être vécue et mise en place chez soi. Cela comprend aussi le fait de tolérer les critiques venant de ses propres rangs et celui de s'interroger sur ses propres positions.

Cette manière de bâillonner les voix critiques serait-elle finalement un exemple éclatant d’une démocratie européenne ? Si oui, au mois d'octobre, on pourrait également inviter la Biélorussie et Monsieur Loukachenko.

JJ DURAND

(traduit de l’allemand).