Pour une démocratie directe locale
Face à la mutation sociétale en cours : l'élévation de nos démocraties
Longtemps la politique révolutionnaire a été saisie sous la métaphore du théâtre.
Sophie Wahnich propose de l'appréhender sous celle de l'opéra. Elle redonne ainsi à ceux que l'on a trop vite considérés comme spectateurs de la politique agie par des représentants, la voix de leur pouvoir souverain.
Cette voix est celle d'un peuple patient, amoureux de la vie paisible et juste, capable de faire parler les corps et d'articuler ses revendications avec intensité.
Ses émotions témoignent non d'une versatilité sans fin mais d'une faculté de juger les situations à l'aune d'un désir de justice qui va jusqu'à l'exigence de la loi.
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Pourtant une dynamique infernale mène à l'insurrection du 10 août, à l'abolition de la royauté, à la naissance traumatique de la République.
Amnistie de la fuite du roi, oubli de la fusillade du champ de Mars, fausse concorde, manoeuvres dilatoires de représentants qui restent sourds aux alarmes et aux espoirs exprimés dans un vaste mouvement pétitionnaire, n'en finissent pas de mettre à l'épreuve «la longue patience du peuple».
Pour obtenir justice ou simplement reconnaissance de sa souveraineté, le peuple hausse le ton, puis reprend «le glaive de la loi».
Alors qu'il avait rêvé d'une révolution économe du sang versé, il est acculé à une violence dont il ne voulait pas, mais qu'il assume dans le deuil.
Sophie Wahnich renverse l'ordre des responsabilités quand la violence surgit.
Ce n'est plus le peuple qui laisse se déchaîner la violence, ce sont des représentants indifférents et inconscients qui le poussent à faire usage de la violence comme seul langage audible et irréversible.
À ce titre, cet ouvrage marque une coupure salutaire avec l'histoire refroidie prônée par François Furet et ses partisans.
L'hiver de l'historiographie de la Révolution française est-il en train de s'achever ?
Une attention soutenue aux textes s'accompagne ici d'une écriture qui se fait récit littéraire pour mieux concevoir les constellations affectives du peuple.
Les enjeux de ce livre, on l'aura compris, ne sont pas seulement historiques et historiographiques, ils visent à faire comprendre ce qui se joue, quand la voix du peuple, organe émancipateur, devient inaudible dans l'espace public.
Sophie Wahnich est historienne, chercheur au Laios, EHESS, CNRS. Elle a notamment publié L'impossible citoyen, l'étranger dans le discours de la Révolution française, Albin Michel, 1997 ; La liberté ou la mort, essai sur la terreur et le terrorisme, La Fabrique, 2003.
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