Manifeste pour une mutation
sociétale écologique économique et solidaire.
Le Sommet de l’ONU sur le climat à Copenhague en décembre 2009 a été un terrible fiasco. Les chefs d’Etat de l’ensemble des pays du monde n’ont pas su parvenir à un accord contraignant permettant d’infléchir la tendance des émissions de gaz à effet de serre à court terme (d'ici à 2020).
Tandis que les scientifiques invitent de plus en plus urgemment les décideurs politiques à mettre tout en œuvre pour réguler le dérèglement climatique qui menace l’humanité, les grandes puissances économiques et politiques ont refusé la coopération et la solidarité. Le climat est devenu un enjeu géopolitique parmi d’autres et les intérêts des grandes puissances s’imposent sans ménagement,
Pouvons-nous encore après cela fonder nos espoirs de régulation climatique dans un tel processus de négociations internationales ?
A Copenhague, l'Union Européenne n'a pas su parler d'une seule voix à la conférence. De fait, aucune super puissance économique n'a su ou voulu tirer vers le haut la Conférence sur le climat comme ce fut le cas à Kyoto en 1997. Le futur rendez-vous à Mexico est censé aboutir à cet accord qui permettrait d'enclencher le changement des politiques nationales. Mais ce rendez vous ne se présente pas sous de bons augures. La Chine et les Etats-unis ne veulent pas envisager qu'une autorité supérieure à leur gouvernement vienne à pénaliser, par des amendes, leur économie. Question de souveraineté nationale. Mais une fois de plus le calendrier ne sera pas favorable à un accord. Après l'absence d'engagements de M. Obama à Copenhague, faute d'avoir pu présenter au vote du Congrès Etats-Uniens ses propositions, il sera confronté, début novembre 2010, aux élections de mi-mandat avec le renouvellement partiel de celui-ci, un mois seulement avant Mexico. Le climat mondial sera ainsi suspendu aux enjeux électoraux Etats-Uniens.
Mexico sera, avec de forte probabilité, le protocole des moins disant, qui ne nous permettra pas d'éviter de dépasser les 2°C d'ici la fin du siècle (GIEC), et glorifiera la réussite absolue d'un système de pensée qui nous emprisonne dans l'impossibilité d'une action mondiale forte, concertée et équitable avant 2015 comme nous y invite les scientifiques, dont Jean Jouzel (co-prix Nobel de la paix, et breton).
Si le sommet de Copenhague résonne comme l'échec des Nations, Mexico risque de sacraliser la réussite de la pensée capitaliste destructrice où primera la rivalité sino-américaine et derrière elle la pression des lobbys industriels et financiers, qui nous plongent dans une crise et un endettement sans fond depuis 2008 Le fonctionnement démocratique Onusien est en panne depuis plusieurs années déjà. Tous les processus de négociation internationaux sont moribonds (OMC, etc). Les chefs d'Etats des nations libérales viennent de décevoir une fois de trop à Copenhague et nous plongent ainsi dans une nouvelle crise.
Aujourd'hui, nous devons tous nous interroger sur nos modes d'actions face au dérèglement climatique et face à la faillite de la gouvernance mondiale.
Qu’allons nous faire ? Nous, les peuples de cet unique monde ? Nous, à notre niveau ? Devons nous fonder tous nos espoirs dans des hypothétiques accords internationaux ? L’avenir de l’humanité doit-il être otage des enjeux capitalistes et impérialistes ? Où devrions-nous plutôt ouvrir les yeux sur la mutation actuelle pour construire l'évolution nécessaire à l'humanité toute entière ?
Face à tant de situations environnementales, sociales, économiques dites en "crises", il est normal de se sentir désœuvré et ressentir l'angoisse face à l'avenir. Les uns jouent de cette peur pour opposer les humains entre eux. D'autres en tire le maximum de profits financiers. Et nous, la majorité, subissons, conscients que le système décisionnel actuel n’est pas à la hauteur des enjeux, qu’il ne parvient pas à répondre aux besoins des populations qu'il doit normalement servir et qu’il creuse de plus en plus les inégalités sociales tant au niveau international qu'au niveau national.
Or, si nous ne parvenons pas à transformer rapidement notre démocratie, celle-ci sera menacée par des modes de gestions gouvernementaux de plus en plus autoritaires pour faire face aux contraintes et conséquences de dégâts environnementaux croissants Les 700 arrestations arbitraires à Copenhague seraient-elles un prémisse ? D'un Etat de droit, ne basculerions-nous pas petit à petit vers un Etat de la « prévention » ?
Hier, un habitant était arrêté pour une infraction, aujourd'hui, il l'est à Copenhague pour éviter qu'il le fasse ? Ce procédé éveille de sombres souvenirs.
Nous en appelons aux citoyens des pays du Nord, car nous avons tous les éléments dans nos sociétés pour amorcer ce changement d’ère. Nous, européens, bénéficions d’une paix sur l’ensemble de notre continent, d’une certaine liberté d’expression et d’un niveau d'éducation et de spiritualité plutôt élevé, nous avons tous les éléments permettant d’impulser une nouvelle société écologique et solidaire.
Les actions que nous menons à travers nos associations, nos engagements politiques et notre vie quotidienne doivent s'inscrire dans une mutation profonde de notre société. Celle-ci repose largement sur une transformation des modèles de gouvernance tant au niveau local qu'aux niveaux national et international.
De nombreux sondages montrent combien les populations sont conscientes des enjeux de notre époque. Toutefois, les propositions de nos concitoyens se perdent dans le système institutionnel, étatique, politique, médiatique et économique. Les résultats du Grenelle Environnement le démontrent.
Le changement de civilisation nécessaire pour répondre aux exigences de solidarité sociale, d'écologie harmonieuse, d'une économie non prédatrice, doit recourir au plus tôt à la sagesse populaire et impliquer au maximum les populations à la prise de décisions pour que celles-ci soient portées par toutes et tous.
Pour répondre aux enjeux sociaux, environnementaux et économiques et pour progresser dans notre démocratie, nous devons hausser le niveau de participation des citoyens à la décision politique. Ainsi, la démocratie représentative doit être considérée comme une étape de notre civilisation, étape vers un idéal plus élevé de démocratie: la démocratie directe.
Une première étape de cet idéal peut passer par la démocratie directe participative sur le budget. Cela consiste à se prononcer sur le bon usage des impôts perçus en votant le budget de sa commune, de son inter-communalité, de son état, etc.
Cet idéal n'est pas irréaliste. La sagesse populaire en action a déjà fait ses preuves à Porto Allègre et en France à Vandoncourt, dans le Doubs. Cette petite bourgade de 860 habitants vit depuis 1971 en démocratie directe participative co-constructive. Les habitants co-construisent les dossiers répartis en 8 commissions. Les élus actent leurs choix, car à Vandoncourt il n'y a pas de chef, il y a un représentant élu. Un bel exemple pour des petites communes qui peinent bien souvent à désigner un maire...
C'est dans une pratique non violente qu'on rendra cette démocratie directe crédible aux yeux de tous et qu'on peut espérer que ce modèle de gouvernance se diffuse sur la planète.
Nous, habitants, mobilisons nous pour que nos régions servent de territoire à l'expérimentation de la démocratie directe.
Commençons à le pratiquer au niveau le plus local en prenant le pouvoir aux futures élections municipales. Et enfin mettre en route un avenir qui nous ressemble.
Activons nos réseaux pour que nous soyons un nombre conséquent à proposer une évolution vers plus de démocratie pour construire un avenir avec de nouvelles valeurs qui nous permettrons de changer réellement pour un autre paradigme.
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