Pour une démocratie directe locale

Face à la mutation sociétale en cours : l'élévation de nos démocraties

La représentation est une insulte, Sylvain Rochex

La représentation est une insulte.

(Ensemble de textes pour bannir la notion de représentation en politique), 19 août 2013

Je vais rassembler ici petit à petit tous les textes qui démontent cette vue pernicieuse et destructrice : la représentation politique. (A commencer par ma propre expression.)

N.B : les termes de porte-parole, délégués, recoupent la même idée. Le seul terme qui semble être exempt de l'idée de représentation est celui de MAGISTRAT (et de serviteur).

« Bannir la notion de représentation nous sauverait, car cela correspondrait à arrêter de vouloir que les autres nous abandonnent leur force et leur vie, et à arrêter de vouloir être plus fort que soi en aspirant les autres. On me dit souvent que je ne représente personne, comme si je souhaitais le contraire, c'est étrange !

Mais pourquoi on me le dit puisque c'est une évidence absolue, que je cultive,que je désire, et que le problème c'est justement qu'il n'en soit pas de même pour chacun d'entre-nous ??

Personne ne représente personne. C'est pourquoi le régime représentatif est une hérésie.

Tous ceux qui croient représenter d'autres personnes vivent dans l'erreur la plus aveuglante. Bannir la notion de représentation nous sauverait car cela remettrait chaque humain à sa place de non-puissant, d'intrinsèquement faible. Et cela ferait naître instantanément la démocratie, en fait.

Cette notion de représentation, signifiant et signifié, n'existait pas, d'ailleurs, à l'époque de la démocratie athénienne, comme par hasard !

Dans l'époque actuelle, ce concept frauduleux est à la base de tout, donc comment voulez-vous que la société soit viable ?! »

Sylvain Rochex

« L'idée de la représentation est donc une idée moderne, et son enracinement dans l'hétéronomie politique et l'aliénation politique est évident. C'est quoi, des représentants ?

Le terme est devenu intransitif avec le temps, mais au départ il est transitif.

Les représentants sont des représentants auprès du pouvoir.

Dans une nation moderne,dit-on, il ne peut pas y avoir de démocratie directe.


Pourquoi ne peut-il y avoir de démocratie directe dans une ville de, disons 100 000 habitants (Ndlr : Chambéry !), c'est-à-dire 50000 citoyens actifs ?

Ce n'est pas la dimension qui est en cause puisque à Athènes cette démocratie était possible alors qu'il y avait 40 000 citoyens actifs.

On pourrait alors dire : établissons la démocratie directe dans des unités regroupant 40 000 citoyens actifs (Ndlr : Chambéry, St Etienne, Valence, etc.). Mais non, personne ne soulève la question sous cet angle... 

L'argument de la dimension est donc tout à fait sophistique et de mauvaise foi.


(...)
Le grand argument contre la démocratie directe dans les sociétés modernes, c'est la dimension de ces sociétés.

Or l'argument est de mauvaise foi.

Historiquement, concrètement et politiquement.

Pourquoi historiquement?

Le régime représentatif tel que nous le pratiquons est inconnu dans l'Antiquité : les Anciens ont des magistrats, il n'y a pas de représentants. En ce qui me concerne, je veux bien avoir des magistrats, je veux bien élire des magistrats révocables, etc., mais je ne veux pas être représenté. Je considère cela comme une insulte.»

Cornélius Castoriadis, Débat avec le Mauss



« L'idée des représentants est moderne : elle nous vient du gouvernement féodal, de cet inique et absurde gouvernement dans lequel l'espèce humaine est dégradée, et où le nom d'homme est en déshonneur. Dans les anciennes républiques, et même dans les monarchies, jamais le peuple n'eut des représentants ; en ne connaissait pas ce mot-là. »

J.J. Rousseau, Du contrat Social.


« L'idée de représentation est totalement absente de la philosophie et de la pratique politique de la Grèce ancienne ; que, en premier lieu, quand il y a élection, personne ne parle des élus comme de "représentants" - ce sont des magistrats, ce qui est tout à fait différent -, car ils ne représentent personne, et qu'en outre le principe de l'élection était considérée comme aristocratique. »

Cornélius Castoriadis, La Cité et les Lois, page 92


« Que la démocratie représentative soit quelque chose d'étranger à la pensée des Grecs, je ne crois pas que cela puisse être mis sérieusement en doute. Dans une démocratie représentative, le pouvoir de décider passe à un groupe particulier : la collectivité ne décide plus, elle ne se gouverne plus, elle décide seulement de qui va décider. 
Nous avons là une aliénation au sens juridique du terme. A partir du moment où ce pouvoir de gouverner est aliéné et transféré à un groupe particulier, il va de soi, compte tenu de ce que sont les hommes, que ce groupe va faire le nécessaire pour conserver ce pouvoir. Délégation permanente à un groupe pour une période fixe, cela veut dire automatiquement autoconstitution, autodéfinition de ce groupe comme groupe qui exerce le pouvoir pour lui-même. »

Cornélius Castoriadis, La Cité et les Lois, page 108


« La souveraineté ne peut être représentée, par la même raison qu'elle peut être aliénée ; elle consiste essentiellement dans la volonté générale, et la volonté ne se représente point : elle est la même, ou elle est autre ; il n'y a point de milieu. Les députés du peuple ne sont donc ni ne peuvent être ses représentants, ils ne sont que ses commissaires ; ils ne peuvent rien conclure définitivement. Toute loi que le peuple en personne n'a pas ratifiée est nulle ; ce n'est point une loi. Le peuple Anglais pense être libre, il se trompe fort ; il ne l'est que durant l'élection des membres du parlement : sitôt qu'ils sont élus, il est esclave, il n'est rien. »

« La loi n'étant que la déclaration de la volonté générale, il est clair que, dans la puissance législative, le peuple ne peut être représenté ; mais il peut et doit l'être dans la puissance exécutive, qui n'est que la force appliquée à la loi.»

« Je dis seulement les raisons pourquoi les peuples modernes qui se croient libres ont des représentants, et pourquoi les peuples anciens n'en avaient pas. Quoi qu'il en soit, à l'instant qu'un peuple se donne des représentants, il n'est plus libre ; il n'est plus. »

J.J. Rousseau, Du contrat social


« Un peuple qui délègue constamment ses pouvoirs n'apprendra jamais les vertus de courage et de vigilance politiques qu'exige la démocratie ; il ne s'éduquera qu'aux facilités de la passivité et de la délégation. Une fois les élections passées, les citoyens s'empresseront de retourner à leurs affaires privées. »

Cornélius Castoriadis, La Cité et les Lois, page 120


« La souveraineté en tant que pouvoir législatif est pour Rousseau inaliénable.
Donc l'existence de parlements ou d'assemblées (ndlt : non populaire) viole l'idée de souveraineté, et les lois votées par ces organes ne sont pas de vraies lois ; elles le seraient, à la rigueur, si elles étaient approuvées par référendum. (...) 
Les magistrats ne sont pas des représentants ; ils sont soient tirés au sort, soit désignés par rotation, et dans certains cas ils sont élus pour accomplir certaines tâches bien précisés. (...)
Pour Rousseau, ou bien la souveraineté appartient au peuple, ou bien on n'a qu'un ramassis d'individus, indigne du nom de société humaine. »

Cornélius Castoriadis, La Cité et les Lois, page 187


« En démocratie, il s'agit du pouvoir du peuple et non celui de ses représentants - l'idée de représentation politique, spécifique de la société et de l'aliénation d'aujourd'hui, est là totalement absente ; ensuite, le peuple ne saurait être remplacé par les experts, qui sont certes reconnus comme tels dans leurs domaines respectifs, mais sans qu'ils puissent prétendre à une expertise politique générale, qui n'existe pas : il n'y a pas de science de la politique ou du gouvernement ; enfin, il s'agit bel et bien de la communauté politique et non d'un État au sens moderne du terme, séparé de la société, qui lui fait face et la gouverne. »

Cornélius Castoriadis, La Cité et les Lois, page 217

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