- deux Français sur trois (64 %) estiment que la démocratie fonctionne mal en France actuellement.
Le diagnostic dressé par Viavoice – pour France Inter, Le Monde, LCP-Assemblée nationale, Terra Nova et La Revue civique – est, hélas ! sans surprise, tant il confirme de précédents sondages :
Au-delà du constat, l'intérêt de cette enquête est d'explorer les remèdes capables d'améliorer le fonctionnement démocratique du pays.
Les deux causes principales de la défiance sont connues : l'impuissance des gouvernants face à la crise économique et la déconnexion des élites par rapport aux préoccupations des citoyens.
Et c'est bien dans ces deux directions que se concentrent les améliorations souhaitées : les Français réclament davantage d'efficacité de l'action publique et davantage de proximité des gouvernants et des élus. Beaucoup plus que des réformes institutionnelles.
L'efficacité, d'abord. Le contrôle, par les citoyens, de la pertinence et des résultats de l'action publique est plébiscité. Et il prend, dans leur esprit, des formes multiples.
Ainsi, 86 % des personnes interrogées souhaitent que les dirigeants présentent davantage le bilan de leur action, et 85 % qu'ils en expliquent davantage le sens.
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GÉNÉRALISER LES PRIMAIRES CITOYENNES
De même, plus de quatre sur cinq (81 %) préconisent de « rendre systématique l'évaluation des politiques publiques deux ou trois ans après leur mise en œuvre ».
Et un pourcentage similaire (82 %) estime que l'on devrait « permettre à une assemblée de citoyens de démettre des élus qui ne respectent pas leurs engagements », mesure radicale inspirée de la procédure américaine de recall permettant de destituer un gouverneur d'Etat, par exemple en Californie.
Autrement dit, la restauration du crédit des gouvernants passe par le respect des engagements et le contrôle de qualité de la politique qu'ils conduisent. Et par un rapport moins abstrait à la démocratie, davantage conçue comme une relation contractuelle entre des responsables publics prestataires de services et des citoyens-clients, y compris au moyen de référendums (pour les deux tiers des sondés).
La proximité, ensuite. Tous les moyens sont envisagés pour combler le fossé entre gouvernants et gouvernés. Cela suppose, en premier lieu, d'ouvrir les institutions et les partis politiques sur la société.
La généralisation de « primaires ouvertes aux citoyens pour choisir les candidats aux élections » est préconisée par 63 % des personnes interrogées.
De même, 64 % souhaitent que l'on introduise « davantage de proportionnelle dans les assemblées élues », afin de favoriser une représentation plus diversifiée et conforme à la réalité économique et sociale du pays.
STRICT NON-CUMUL DES MANDATS
Quant aux partis politiques, dont on sait qu'ils ne suscitent désormais la confiance que d'une très maigre minorité de Français, ils sont jugés opaques et peu représentatifs :
- 88 % des sondés veulent rendre « leur fonctionnement plus transparent »
- 75 % qu'ils s'ouvrent davantage sur la société.
- Deux sondés sur trois (66 %) sont favorables à l'émergence de « passeurs » entre la société et le monde politique.
Au plus près des habitants, sur le terrain, ces relais auraient pour vocation d'« expliquer la démocratie et d'inciter les citoyens à participer aux élections et à la vie démocratique ». Cruel constat pour les élus locaux !
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Quant aux dirigeants politiques eux-mêmes, les Français formulent trois souhaits :
- Pour 77 %, qu'ils « échangent directement en face-à-face avec les électeurs »(réunions publiques, marchés, porte-à-porte) ou sur Internet (61 %). D'autre part, qu'ils soient renouvelés plus fréquemment.
- 84 % des sondés sont favorables à ce qu'on « impose aux élus de ne détenir qu'un seul mandat à la fois », soit un strict non-cumul de mandats.
- 75 % recommandent qu'ils ne « puissent détenir que deux mandats successifs d'une même fonction ».
En revanche, les Français n'attendent pas grand-chose de réformes strictement institutionnelles.
S'ils sont 69 % à souhaiter que les collectivités territoriales voient leurs pouvoirs renforcés, seule une minorité (43 %) préconise un renforcement des pouvoirs du Parlement et une petite minorité la suppression de la fonction de premier ministre (24 %), une plus petite encore la fonction de président de la République (20 %).
Comme le note François Miquet-Marty, président de Viavoice, les Français ne souhaitent pas « changer de République », mais « assurer une meilleure souveraineté et une meilleure représentation du peuple ». Bref, de réconcilier démocratie « légale » et démocratie « réelle ». Vaste programme.
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