Pour une démocratie directe locale
Face à la mutation sociétale en cours : l'élévation de nos démocraties
« Le paon, l’autruche, et les poulets » : fable macronique, récitée par Elodie Poux le lundi 17 décembre à la revue de presse de Paris Première.
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Le paon, l’autruche, et les poulets :
Il y avait une fois en royaume de France
Evoluant aux côtés de ses contemporains
Un banquier jouvenceau oui mais plein d'élégance
Qui de son beau pays se rêvait souverain
Son air benjamin, informel, bien élevé
Plaisait aux citoyens, par la vieillesse lassée
Sa rhétorique désuète et puis tantôt farçeuse
Ravissait fort les nobles, et flattait bien la gueuse
Et si jeune notre homme ne l'était qu'à moitié,
Il faut savoir qu'usée, certes, était sa moitié
Car se voulant moderne ne prenant point maîtresse
Il épousa la sienne malgré sa vieillesse
Mais même si la valeur n'attend point les années
Et bien qu' le jeune banquier ai la gouaille bien aisée
On ne s'improvise point chef d'un grand Etat
Et bientôt cet enfant, cet angelot remarquat
Que d'un noble ignorant c'est la robe qu'on salue
On n' l'admira bientôt que d'un étron pas plus
Après l'avoir léché ils le lâchent puis le lynchent
Comme font les hommes souvent gâtés comme des enfants
Jupiter bientôt n'eût pas plus à leurs yeux
que l'aspect fatigué d'une simple corde à noeud
Mais le jeune banquier, sûr de lui, plein de frime
Pour continuer de plaire à ses chers richissimes
Pressa la populace tant et tant comme citrons
Qu'elle en prit la couleur aussi celle des mignons
Le jeune freluquet tout à ses réjouissances
Ne remarquât même pas la moindre différence
Heureux dans son palais, il est loin du tracas
Sa mégère dépensant son or à tour de bras
Rien n'est pour elle trop beau, vaisselle, tissus, bibelot
Le peuple avait bien faim, elle le tournait le dos
Ils s'offrirent mieux encore, les rois des animaux
Des dains, ils les appellent ho seigneur qu'ils sont beaux
Et pendant que le peuple assembé dans les rues
vers son précieux palais plein de rage se rue
Notre jeune banquier à l'égo invincible
Qui de la bourse des pauvres s'était fait une cible
Refuse encore d'entendre le grondement sonore
Comme celui d'une rivière quand de son lit elle sort
Aucun barrage n'y fait si elle est bien dehors
Et les poussins alors ne mettent à crier
Empêchant les puissant dans leur couche de ronfler
Mon roi faites les taire, par pitié muselez les
Ils meurent de faim ils crient, et nos nuits sont gâchées
Ho sîre, regardez les, leur piètre éducation
Ne leur sert même pas à crever sans un son
Mourrez chichement, dites et mettez la sourdine
Leur râle lorsqu'ils trépassent est une porte qui couine
Ils sont las ils se tordent comme ils sont ridicules
Ces illettrés ignobles dans la boue gesticulent
Mes amis n'ayez crainte leur répond le rusé
il leur arrive parfois un peu fort d'aboyer
Mais ils sont mes moutons, mes agneaux mon troupeau
Ils finiront d'eux mêmes par rentrer bien au chaud
Mais voici maintenant qu'il retournent les carrosses
Et détruisent nos maisons deviendraient ils féroces ?
Alors le grand seigneur dans une allocution
Le dos droit bien tendu comme une institution
Les deux mains pleines de doigts bien à plat sur la table
Leur jeta quelques miettes avec un air aimable
Croyant en faisant taire leur petit estomac
Calmer aussi la rage dans leur cœur scélérat
Je ne vous ai pas compris, je ne vous écoutais point
Récita-t-il au peuple qui serait les poings
A renard endormi rien ne tombe dans la gueule
Retournez au labeur je vous trouve bien veules
Ha vous aimez la rose ? Supportez en l'épine
Mais ne troublez donc point la quétude citadine
Dans notre ordre social chacun reste à sa place
Vous voulez en changer ? Je vous ris à la face
Cassez, cassez, cassez et nous reconstruirons
Et je vous répondrais d' la bouche de mes canons
Vous voulez un discours ? Je peux en écrire cent
Je peux même faire en sorte que vous m'aimiez quand j' ment
Je vous endormirai à grand coup d'entourloupe
Car c'est toute une armée que je garde sous ma coupe
Vous vous fatiguerez et rentrerez aux champs
Bien avant que je tremble pauvres petites gens
Il est vrai que le paon peut oser faire l'autruche
Se pavaner gaiment tout en gâtant sa cruche
Mais si un jour lassé comme le peuple citron
Son armée de poulet abandonne le patron
Alors le jeune souverain saura bien entendu
qu'même sur un trône en or, on est bien qu'sur son cul
L'injustice est une graine que plantent les puissants
Et qui pousse sans peine dans les yeux d' leurs enfants
Elle leur apprend la haine et à serrer les dents
Elle leur fournit le bois, le manche et même la lame
Elle fait durcir leurs muscles et dévore leurs âmes
S'ils perdent des batailles
Ils reviennent à la charge
On les traite en racaille
On s'étonne qu'ils enragent ?
Donnez leur le bâton
Ils relèvent le menton
Opposez leur des chars
Ils reviennent plus tard
Ils se tairont dix ans, vingt ans, trente ans, peut être
Mais toujours la révolte finit par renaître
Regardez en arrière dans notre propre histoire
Car c'est là que se cachent les leçons et l'espoir
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