Pour une démocratie directe locale
Face à la mutation sociétale en cours : l'élévation de nos démocraties
Jacques Rancière, philosophe et professeur émérite à l’université Paris-VIII, s’est attaqué l’an passé, dans La Haine de la démocratie, à l’idéologie antidémocrate des « élites républicaines ». Il nous explique l’origine du concept de démocratie, comme pouvoir des gens « sans qualités », en opposition au pouvoir des propriétaires, et évoque la pertinence de la démocratie comme pratique subversive « en soi », même déconnecté d’un projet de société socialiste.
Jacques Rancière définit la démocratie comme un « “gouvernement” anarchique, fondé sur rien d’autre que l’absence de tout titre à gouverner ».
La démocratie est éminemment subversive car elle remet en cause tous les principes ou fondements d’autorité (arkhé) : le savoir, la richesse, la naissance…
Les sociétés dites « démocratiques » dans lesquelles nous vivons
ne sont pas en réalité des démocraties.
Elles sont pour Jacques Rancière des oligarchies (c’est-à-dire le gouvernement de quelques-uns).
Il n’y a pas de gouvernement démocratique car « tout gouvernement est toujours l’exercice du pouvoir d’une minorité sur une majorité » (p. 59). La notion d’oligarchie permet à Rancière de s’opposer à des positions qui aplatissent les démocraties libérales sur les régimes totalitaires.
Les démocraties libérales ont un rapport ambigu vis-à-vis de la notion de démocratie.
D’un côté, la démocratie est une notion revendiquée. Mais il s’agit d’un usage idéologique de cette notion dans la mesure où aucun régime ne peut être en réalité une démocratie.
D’un autre côté, la notion de démocratie est critiquée. Ce qui est critiqué, c’est l’anarchie démocratique, c’est à dire justement le fait que personne ne soit fondé à avoir plus de compétence qu’un autre en matière politique.
Par conséquent, la haine de la démocratie est en réalité une haine de l’égalité.
Si nous ne vivons pas dans des démocraties et si la démocratie est anarchique, qu’est ce qu’alors une réelle démocratie ?
Elle ne peut s’incarner dans aucune forme politico-juridique.
Par conséquent, le régime représentatif, les élections au suffrage universel ne caractérisent pas la démocratie en soi.
D’ailleurs, on le voit bien dans notre société puisque ces instruments peuvent être utilisés à leurs profits par les régimes oligarchiques.
Il existe certes des règles qui permettent de rendre plus démocratique le système représentatif : « mandats électoraux courts, non cumulables, non renouvelables ; monopole des représentants du peuple sur l’élaboration des lois ; interdiction au fonctionnaire du peuple d’être représentant du peuple […] » (p.80). Mais rendre un régime plus démocratique ne signifie pas qu’il incarne en soi la démocratie.
La démocratie pour Rancière n’est jamais quelque chose de réalisé.
Elle ne peut être une forme de société. Mais dans ce cas quand y-a-t-il démocratie ?
« Elle est la puissance qui doit aujourd’hui plus que jamais se battre contre la confusion des pouvoirs en une seule et même loi de domination » (p.105).
Il y a une manifestation de démocratie, par exemple, lorsque lors du referendum sur la Constitution européenne, « une majorité de votants a jugé, à l’inverse, que la question était une question, qu’elle relevait non de l’adhésion de la population, mais de la souveraineté du peuple et que celui-ci pouvait donc y répondre non aussi bien que oui » (p.87).
L’apport de l’ouvrage de Rancière est de montrer en quoi la notion de démocratie ne se réduit pas à ce qu’essaient de nous faire croire les démocraties libérales.
La démocratie est une revendication éminemment subversive d’égalité.
Irène (AL Montrouge)
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