Pour une démocratie directe locale

Face à la mutation sociétale en cours : l'élévation de nos démocraties

Relocalisation de la production de nourriture, Pourquoi ? comment ?

 

Pourquoi relocaliser la production de notre nourriture ? 

Il n'y a pas de volonté ici de répondre de manière exhaustive.

Pour des raisons de résilience face aux dites crises multiples actuelles :

Les masses médias mainstream (les médias suiveuses de tendance qui n'offrent pas beaucoup à réfléchir autrement) nous décortiquent les problèmes actuels en les présentant de manière déconnectée.

Or, si ces crises existent c'est bien qu'il y a eu pour certaines communautés humaines un domaine de droits accordés par des dirigeants des sociétés qui subissent les dits désagréments .. des sociétés actrices souvent malgré elles.

En d'autres termes le système aristocratique actuel ne fonctionne pas .. et il est urgent de mettre en place un contre pouvoir local : la démocratie en tout lieu ...

Il est en effet urgent que la démarche dit bottom-up (du bas vers le haut) s'équilibre face à la démarche actuelle Top-down (du haut vers le bas) de nos sociétés aristocratiques. Qu'un pouvoir gouvernemental aristocratique qui c'est centralisé au fil des derniers siècles ait adopté une démarche pyramidale d'imposition des projets et lois du haut vers le bas se comprend légitimement si on accepte le point de vue des possédants (capitalistes). Leurs intérêts étant ainsi bien protégés.

Aujourd'hui, leurs démarches d'enrichissement par l'accaparement puis l'épuisement des ressources naturelles gratuites offertes par Notre environnement deviennent insoutenables pour les équilibres de nos écosystèmes.

Pour des raisons d'emploi à relocaliser :

L'agriculture pour une autosuffisance nationale en denrée alimentaire conduirait à :

- 600 000 nouveaux emplois directs au niveau national liés à la production primaire, sans compter les emplois secondaires.

- 1500 emplois dédiés à ça au niveau de l'Ardèche Verte. (surface définie du début 2014)

- 306 emplois directs pour la seule ville d'Annonay ...

(Pour plus de détails, voir l'article posté plus bas.)

Chiffre qui ne tient pas compte des emplois secondaires .. (logistique, restauration, création de richesse locale);

Cette projection théorique nécessite de répondre aux questions de la faisabilité en terme de surfaces agricoles disponibles déjà utilisées ou en friches et la faisabilité en terme de modification de l'usage des sols, sachant que celles-ci sont exploitées soit par des fermiers et/ou des propriétaires paysans. L'objectif au final et l'augmentation de la productivité par hectare de production plutôt que de la productivité par personne. (cette dernière étant pour le moment la pensée des industriels de la FNSEA)

Pour des raisons d'anticipation face au délire de gestion des multinationales de l'industrie agroalimentaire :

- Voir aussi les réflexions de l'article ci-bas : 5 faits terrifiants sur l’état alarmant de l’industrie alimentaire mondiale

Et je vous laisse libre d'imaginer encore bien d'autres raisons toutes autant valables que celles présentées ci-dessus.

Comment ? 

Les dernières élections démontrent un désintérêt profond d'une grande majorité des habitants électeurs au système républicain actuel.

Pourtant, à écouter nombre de sociologues, les habitants français ont rarement été autant engagés politiquement. Cela se matérialise par exemple par le fait que nous avons le record  absolu de blog, de sites critiques et d'analyses, de propositions etc.

Paradoxalement, nous nous retrouvons dans une situation où les élus ne sont plus légitimes au regard du nombre d'inscrits et des abstentionnistes.

Le fonctionnement du comptage des votes permet encore d'obtenir une majorité relative mais les habitants ne sont pas dupes. L'abstention est une forme d'expression politique. Le courage de dire : "non, je ne veux plus que mon vote participe à cela."

Ainsi, comment demander à des élus locaux de porter un projet qui nécessite l'engouement de toutes et tous ?

Ainsi, un projet sur l'autonomie alimentaire ne pourra pas être lancé par des élus locaux, syndicaux et même associatif (intéressé), cela conduirait dé-facto à repousser des opposants idéologiques.

Il suffit de lire des enquêtes d'opinions sur la méfiance et désaveux des habitants face à la sphère politique pour comprendre que ce n'est pas PAR eux qu'on pourra créer un engouement local majeur.

Pourtant, la place de l'élu politique dans ce type de projet sera majeur.

Ainsi, par une démarche démocratique au sens de ce blog, comprenez par là : la démocratie directe, il serait possible de réconcilier élus et citoyens. 

Pour y parvenir, il existe plusieurs méthodologies possibles de mise en oeuvre de l'intelligence collective.

Il ne sera pas fait référence ici aux outils institutionnels comme la CNDP (Commission National des Débats Publics) ou même  le CLD Pays de l'Ardèche Verte qui pourrait avoir sa place dans un deuxième temps. 

Car ce sont des outils bridés par les élus et donc sujets à caution du fait de leur parti pris, collusion d'intérêts, et corruption par divers lobbies, qu'ils soient : syndicaux, partis politiques, associatifs et économiques. 

Peut être serait-il plus opportun pour nous, habitants, de s'orienter vers des méthodes qui prennent en compte une expertise citoyenne : il sera proposé ici la méthode dite : conférence de citoyens développée par Jacques Testart.

Ainsi stratégiquement, dans une première phase de projet, un accompagnement à nos côtés, de la part des politiques locaux, serait la bienvenue, puis, une fois les conclusions données des citoyens, la élus locaux auront là toute l'énergie citoyenne derrière eux pour les accompagner dans ce projet.

Perte de confiance des citoyens envers la sphère politique :

La perte de confiance des habitants vis à vis de la sphère politicienne est dangereuse.

Cependant, plus la représentation du pouvoir est proche de lui, plus la confiance est importante. 

Pourtant, dans la forme actuelle de l'aristocratie, la représentation issue des élections est incontournable mais ne correspond plus aux attentes. 

La pensée néolibérale (d'après un article du monde "La défiance des Français envers la politique atteint un niveau record" ci-bas) semble s'installer dans la pensée des habitants. Pourtant, en période de vache maigre, ce n'est pas cette philosophie individualiste qui exacerbe la disparité dans la redistribution des richesses qui parvient au dépassement des problèmes économiques. L'histoire le démontre. Le peuple finit toujours par se soulever. 

Cet article montre néanmoins que la confiance en chacun et en ses proches se renforce et pourrait offrir une fenêtre de perspective constructive. 

Se réapproprier les orientations de la politique locale serait-elle une piste de sortie ?

La défiance vis à vis du pouvoir, la pratique politique des habitants toujours plus actives via les supports qu'offre le net, la confiance qu'à l'habitant français en son propre "pouvoir" sur sa vie, la perspective de nouvelles pratiques citoyennes à inventer, complémentaires de l'action du politique institutionnel, etc. définissent à priori des perspectives d'évolution de la pratique aristocratique actuelle vers plus de prise en compte d'une expertise d'habitants. .

Question de vocabulaire pas si anodin : 

En traitant du sujet, les lectures m'invitent à distinguer la question de l'autonomie et l'autosuffisance alimentaire. 

Autosuffisance, autonomie :

La question de l'autosuffisance interroge les approvisionnements qui répondent aux besoins d'une zone géographique, d'une population, sans dépendre d'une autre. Ce concept est erroné par simple confrontation aux réalités du quotidien. Cependant, au regard d'une situation de crise qui conduirait à pousser à l'abandon (provisoire) d'une alimentation exotique, la réalisation de l'autosuffisance conduirait à devoir assouvir des besoins de base de l'alimentation. 

La question de l'autonomie au sens d'auto-nomos, qui est la capacité d'un individu à participer à la construction des lois auxquelles il accepte de se soumettre, interroge la capacité d'un citoyen à participer aux choix de société qu'il souhaite vivre.

Dans le cas de productions et d'achats de denrées agricoles, la capacité d'autonomie s'oppose, s'affronte à l'hétéronomie que représente les accords de l'OMC et de libre échange et la spéculation des marchés financiers.

Je rappelle ici que la question de la souveraineté alimentaire n'est pas encore inscrite en terme de loi à l'ONU, encore moins à l'OMC, etc .. donc ... non autorisé au niveau nationale .. une question d'une importance capitale pour les pays Africains par exemple face au dumping des prix des denrées importées d'Europe et demain il en sera de même pour nous européen face au dumping des multinationales des USA  via un TAFTA - traité trans atlantique - en cours de concrétisation.

Dans un monde régit par les lois néolibérales la question de l'autosuffisance interpellera la question de l'autonomie des citoyens sur son territoire pour sa mise en oeuvre. 

Autosuffisance et/ou autarcie ?

(question en cours)

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Réponses à cette discussion

Une bonne raison de manger moins de viande : l'environnement !

(Source : Libération)

La ville qui nourrit ses enfants moins cher et bio

origine de l'article

Mouans-Sartoux, sur la Côte d'Azur, a préempté des terres constructibles pour y installer des agriculteurs en régie. L'exemple est présenté ce jeudi à Nantes, au colloque international Lascaux.

Gilles Perole, adjoint au maire de Mouans-Sartoux (Alpes-Maritimes).

Vous présentez votre expérience à Nantes. Où en êtes-vous ?

Nous avions, dans notre Agenda 21 pour la préservation de l'environnement, un projet d'autosuffisance alimentaire, en tout cas pour les légumes servis à la cantine. Nous avons préempté 12 ha de terres constructibles autour de la ville pour y installer, en régie, des agriculteurs bio. Après une plantation expérimentale, la première exploitante s'est installée en 2011. Aujourd'hui, nous sommes autonomes à 94 % pour nos légumes.

Quels bienfaits en tirez-vous ?

C'est un cercle vertueux. Les enfants consomment des produits locaux, sains et de saison : nous n'avons pas les moyens de mener une étude épidémiologique mais nous avons moins d'enfants obèses qu'ailleurs. Le paysage est préservé. Les surfaces agricoles servent d'outil pédagogique aux enseignants, et les élus viennent mettre les mains dans la terre... Et cela coûte moins cher alors qu'on dit toujours que manger bio est onéreux.Nous avons au contraire réduit nos coûts.

Vous avez aussi, pour cela, lutté contre le gaspillage ?

Tout va ensemble. Les élèves ont le choix entre deux tailles de portions de nourriture et trient eux-mêmes les restes de leurs assiettes. En France, sur un repas classique de 450 g servi à la cantine, on en jette 150 g... Avec nos efforts pour gaspiller moins, non seulement nous avons réduit le coût de chaque repas de 15 à 20 centimes, mais encore nous économisons sur le traitement des déchets. Le poids de nos poubelles a diminué de 80 % ! Et il y a comme cela plein d'autres petites astuces pour faire des économies.

Par exemple ?

Servir des produits de saison, arrêter de concevoir les menus à l'année. Si, à cause d'un printemps trop frais, les tomates ne sont pas mûres, il faut retarder le moment de les consommer. Du simple bon sens qui a une incidence sur la santé et le respect de la planète : les deux filtres auxquels nous passons toutes nos idées.

Préempter des terres constructibles, c'était difficile ?

Bien sûr car la pression foncière est un enjeu fort sur la Côte d'Azur. Mais nous avons opté pour la densification du centre-ville en réponse à la hausse démographique, en arrêtant le mitage du paysage par des maisons individuelles. Ça diminue le nombre de voitures sur les routes alentour avec, en contrepartie, davantage de transports doux en ville.

Ce modèle est-il reproductible ?

Sans doute, d'autant qu'on n'est pas obligé d'installer une régie : on peut passer un simple contrat avec des agriculteurs locaux.

Nous sommes persuadés d'être des précurseurs et que nous serons suivis ! Le petit paradoxe, ici, c'est que le maire, non encarté mais qui se revendique écologiste et de gauche, est réélu depuis quarante ans dans un territoire de droite... Lorsqu'on offre de vrais projets, les gens suivent et votent.

Béatrice LIMON.

Des produits bio et locaux dans les cantines scolaires de Cannes

Origine de l'article

Dès la rentrée prochaine, les cantines scolaires proposeront des repas composés essentiellement de produits frais, avec de la production locale et du bio.

  • Du 100% "fait maison" avec 86,5% de légumes frais.
  • Des fruits et légumes de saison provenant pour partie de circuits courts (40% dès l'an prochain) et d'exploitations bio (20 %).
  • Du poisson frais.
  • Les produits industriels trop gras et trop sucrés comme les nuggets et les cordons bleus bannis des assiettes.
  • Des viandes labellisées.
  • Des gâteaux "maison" plusieurs fois par semaine.
  • La mise en place de menus végétariens.

Non, il ne s'agit pas de la charte de qualité d'un restaurant gastronomique mais des engagements exigés par la Ville de son nouveau délégataire de service public pour les cantines scolaires.

Entériné hier soir en conseil municipal, et à l'unanimité, le choix de la Ville s'est porté sur le groupe Compass, l'un des leaders mondiaux du marché. Il succédera dès la rentrée scolaire de septembre à la Sogeres, dont le contrat s'achève.

Produit sur place et cuisiné maison

La Ville en a donc profité pour revoir ses exigences à la hausse.

Il s'agit, a expliqué le maire, David Lisnard, hier, de "lutter contre la malbouffe et l'obésité infantile en menant une véritable action d'éducation au produit naturel, de saison. Ce nouveau contrat, signé pour cinq ans, va permettre de préserver le pouvoir d'achat des familles et préserver les finances de la commune puisque les tarifs restent inchangés. Le nouveau concessionnaire s'est engagé à privilégier les circuits courts, notamment avec les nouveaux agriculteurs installés dans la vallée de la Siagne."

"Durant la négociation, nous avons insisté à la fois sur les prix et la qualité, soulignait Chantal Azemar-Morandini, adjointe déléguée aux affaires scolaires. Nous exigeons notamment du fait maison y compris pour la mayonnaise, les omelettes ou les fonds de tarte. Et tout cela pour 2,80€ par repas pour les familles."

L'environnement n'est pas oublié

  • avec l'installation à la cuisine centrale d'un déshydrateur pour réduire le volume des bio-déchets de 85%,
  • et la mise en place du tri sélectif
  • et de la récupération des déchets dans les cantines.

Enfin, une politique d'animation autour de l'éducation au goût sera conduite, avec notamment la participation des clubs Bel Age dont les membres viendront initier les enfants à la cuisine provençale.

Pour qu'enfin la pissaladière à l'oignon frais détrône le nugget au poulet en batterie dans le cœur - et l'estomac - des petits.

L’Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires a été créé en 2009 pour tenter de réduire l’opacité de ces relations.

Origine de l'article :

Mais il ne dispose des données qu’avec un certain retard.

Ainsi la grande distribution ne donne des éléments sur ses marges nettes qu’avec deux ans de décalage.

Un autre exercice, baptisé l’euro alimentaire, livre également une vision des marges avec un temps de retard.

19,80 euros pour le commerce

Il identifie la répartition de la valeur ajoutée entre toute la chaîne des acteurs pour 100 euros dépensés par le consommateur dans l’alimentaire.

En janvier 2016, l’Observatoire a publié l’exercice d’après les chiffres 2012.

Il en résulte que sur 100 euros,

  • - 8,20 euros sont destinés à l’agriculture.
  • - L’industrie agroalimentaire en reçoit 13,20 euros et le commerce 19,80 euros.
  • - Les importations alimentaires représentent 14,30 euros,
  • - et les importations de biens intermédiaires, matières premières pour l’alimentation animale – engrais, pesticides, pétrole – absorbent 15,30 euros.
  • - Les taxes, elles, se chiffrent à 9,30 euros.

Définition de la sécurité alimentaire  - Origine de l'article

La définition du concept de « sécurité alimentaire », qui est la plus communément acceptée aujourd’hui, est celle qui a été définie lors du Sommet mondial de l’alimentation de 1996, à savoir :

« La sécurité alimentaire est assurée quand toutes les personnes, en tout temps, ont économiquement, socialement et physiquement accès à une alimentation suffisante, sûre et nutritive qui satisfait leurs besoins nutritionnels et leurs préférences alimentaires pour leur permettre de mener une vie active et saine »

Fruit d’une lente maturation du concept (cf. infra, 2. Historique et évolution du concept), elle est également la plus complète, quoiqu’elle dénote dans sa formulation prudente une visée consensuelle qui nuit à sa précision.

Elle fait néanmoins pleinement droit à l’aspect multidimensionnel de la sécurité alimentaire, qui se décline aussi bien quantitativement que qualitativement selon quatre aspects : la disponibilité alimentaire, l’accès à la nourriture, la stabilité de ces derniers, et la salubrité.

Le schéma ci-dessous illustre les différentes composantes de la sécurité alimentaire telle qu’elle entendue aujourd’hui, ainsi que les variables qui l’affectent.



NB : la majeure partie des définitions qui sont reprises dans ce document sont des formules issues sauf avis contraire des textes officiels des organisations internationales, afin de préserver du mieux possible leur vocation universelle. C’est pourquoi, si la plupart entendent la sécurité alimentaire à l’échelle mondiale, elles se déclinent facilement à l’échelle des pays.

2. Historique et évolution du concept

Le concept de sécurité alimentaire est loin d’être unique et universel. Depuis son apparition dans les années 1970, il a en effet fortement évolué ; à tel point que plus de 30 définitions ont pu être repérées entre 1975 et 1991, ce qui montre la diversité des approches. Il a évolué semble-t-il de considérations très économiques et quantitatives vers des considérations plus humanistes et qualitatives.

a. D’un concept macroéconomique et quantitatif…

Si l’inquiétude envers les famines et la malnutrition est une préoccupation politique séculaire, ce n’est qu’au milieu des années 1970, au cours de Sommet mondial de l’alimentation de 1975, que le concept même de « sécurité alimentaire » est apparu, suite à la crise alimentaire mondiale de 1973/1974, qui a marqué les esprits.

A l’époque, le cœur des préoccupations était l’approvisionnement alimentaire ; et la première définition qui a été donnée s’articulait essentiellement autour des notions de disponibilité quantitative et d’accès au niveau national, ces dernières étant entendues comme la recherche du bon équilibre entre l’offre et la demande. La sécurité alimentaire est alors définie comme la :

« Capacité de tout temps d’approvisionner la monde en produits de base, pour soutenir une croissance de la consommation alimentaire, tout en maîtrisant les fluctuations et les prix ». (Sommet mondial de l’alimentation, 1974)
b. … à une notion microéconomique et qualitative.

Par la suite, l’apport d’un certain nombre de penseurs sur la pauvreté, et en particulier la réflexion d’Amartya Sen sur les famines1, ainsi qu’une série d’études de la FAO centrées sur l’accès à l’alimentation ont fait évoluer la définition d’un niveau macroéconomique à un niveau microéconomique : d’une préoccupation en termes de suffisance/insuffisance de l’offre, on est passé à une préoccupation en termes de satisfaction de la demande, à l’échelle familiale, avec la prise en compte des mécanismes d’accès aux ressources alimentaires et la capacité des plus démunis à se nourrir (cf. A. Sen, Poverty and Famines : An Essay on Entitlement and Deprivation, 1981).

Le concept de sécurité alimentaire s’est alors enrichi pour être défini comme suit :
« La capacité d’assurer que le système alimentaire fournit à toute la population un approvisionnement alimentaire adéquat sur le long terme »
(Staatz, J.M., D’Agostino V. C. et Sundberg, S., 1990, Meausuring food security in Africa : conceptual, empirical and policy issues », American Journal of Agricultural economics, décembre, 1311-1317).
Quelques années plus tard, les progrès de la science de la nutrition qui ont mis l’accent sur l’équilibre nutritionnel et alimentaire, ainsi que la multiplication des scandales alimentaires (ESB, et plus récemment le lait à la mélamine) ont imprimé les dernières évolutions au concept. La sécurité alimentaire est alors passée d’une dimension purement quantitative à une satisfaction qui est également qualitative : la sécurité alimentaire est considérée comme assurée si sont garantis, au même titre que les quantités, l’équilibre nutritionnel de la ration alimentaire (protéines, lipides et glucides), l’apport en micro-nutriments, et les qualités sanitaires et hygiéniques des aliments.

Aujourd’hui, il existe même une certaine tendance, notamment dans les pays développés où les risques de famine et disette ont depuis longtemps déserté la place publique, à réduire la sécurité alimentaire à ce seul aspect qualitatif, si ce n’est sanitaire. C’est notamment cette acception qui est privilégiée par la Commission européenne, dont la « politique de sécurité alimentaire », réformée au début des années 2000, a uniquement pour objet de garantir la sécurité sanitaire des produits alimentaires, depuis « la fourche jusqu’à la fourchette ».

c. Vers la définition d’un droit inaliénable fondé sur le concept de sécurité alimentaire ?

Cette récente évolution du concept de sécurité alimentaire vers une notion aussi bien qualitative que quantitative, a ouvert la voie à une réflexion en termes éthiques et de droits de l’homme : aujourd’hui entendu comme une condition sine qua none du développement équilibré et harmonieux de la personne humaine, l’accès à une nourriture complète et adéquate est, comme tel, de plus en plus considérée comme un droit inaliénable et universel.

Déjà présent dans la Déclaration sur les Droits de l’homme des Nations unies de 1948, le « droit à l’alimentation » est actuellement reconnu dans la Constitution de plus de 40 pays et, selon la FAO, il pourrait être un droit judiciaire dans quelque 54 pays2.

Cette approche en termes juridiques ouvre des perspectives nouvelles, dans la mesure où l’article 56 de la Charte des Nations unies stipule qu’il est de l’obligation des Etats de prendre toutes les mesures nécessaires pour l’application pleine et entière des droits de l’homme. Comme le rappelle le Rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l’alimentation O. de Schutter3 , cet impératif ne signifie pas uniquement de s’abstenir de prendre des mesures contraires aux droits de l’homme – il impose également d’adopter une démarche proactive pour les défendre.

Avec cette approche en termes de droits et de devoirs, le concept de sécurité alimentaire pourrait bien devenir le socle d’une réflexion à l’aune de laquelle les politiques publiques nationales et internationales pourraient être évaluées. Plusieurs initiatives ont été envisagées en ce sens, et c’est notamment l’approche adoptée par O. de Schutter3 pour évaluer la pertinence du cycle de Doha. Son dernier rapport, présenté le 9 mars 2009 devant le dixième session ordinaire du Conseil des Droits de l’Homme, examine en effet la question de la libéralisation du commerce en agriculture dans la perspective du droit humain à une alimentation adéquate, tel qu’il est reconnu par les textes officiels4.

3. Les « faux-amis » : autosuffisance alimentaire et souveraineté alimentaire

Souvent confondus dans l’esprit des gens avec l’« autosuffisance alimentaire » ou la « souveraineté alimentaire », il convient de procéder ici à quelques distinctions utiles.

a. L’autosuffisance alimentaire

L’autosuffisance alimentaire est la capacité de satisfaire tous les besoins alimentaires d’une population par la seule production nationale.

Elément incontournable dans la recherche d’autarcie économique et politique, ainsi que l’URSS a cherché à la faire dans la lutte qui l’opposait aux Etats-Unis, l’autosuffisance alimentaire se révèle en pratique dangereuse pour un pays dans la mesure où elle le met à la merci du moindre aléa climatique qui grèverait ses récoltes.

Deux différences distinguent fondamentalement les deux concepts :
1. La sécurité alimentaire est un concept plus vaste que l’autosuffisance, dans la mesure où elle inclut la possibilité de jouer sur les capacités d’importation d’un pays et non pas seulement sur la production nationale ;
2. D’autre part, ils n’ont pas la même finalité : tandis que l’unique objectif de la sécurité alimentaire est de satisfaire, dans les meilleures conditions de production possibles, à l’ensemble des besoins alimentaires de la population, l’autosuffisance alimentaire place sur un plan au moins équivalent la recherche d’indépendance politique, ce qui tend à conférer à ce dernier une signification plus politique. Ce deuxième point est ce qui fonde la principale différence entre les deux concepts.

b. La « souveraineté alimentaire »

La souveraineté alimentaire est un concept développé et présenté pour la première fois par « Via Campesina » lors du Sommet de l’alimentation organisé par la FAO à Rome en 1996.

Il est présenté comme un « droit [international] des populations, de leurs Etats ou Unions à définir leur politique agricole et alimentaire, sans dumping vis-à-vis des pays tiers. »5

A l’inverse de la sécurité alimentaire, la souveraineté alimentaire a donc une orientation beaucoup plus politique, en raison :

1. des origines du concept :
créé et porté par le mouvement international Via Campesina en 1996, il a depuis été repris par différentes organisations altermondialistes qui l’utilisent comme faire-valoir pour passer leurs messages. Ce « droit » n’est pas formellement reconnu par la doctrine juridique mondiale ou les institutions internationales.


2. de la signification et portée du concept :
la souveraineté alimentaire est par essence politique dans la mesure où elle se traduit, selon ses initiateurs, par le droit pour un pays/peuple de mettre en place les politiques agricoles les mieux adaptées à leurs populations, que ce soit au regard :


• Des objectifs de sécurité alimentaire, en garantissant des approvisionnements via la production locale et des mécanismes de protection (droits de douane…)

• Mais également des enjeux sociopolitiques, tels que l’accès à la terre pour les paysans pauvres, si besoin est pour une « réforme agraire et des mécanismes de sécurisation de droits d’usage du foncier » (sic).


Selon ses initiateurs, l’objet est de favoriser le retour à une agriculture de proximité destinée en priorité à alimenter les marchés locaux, régionaux et nationaux qui, selon la mouvance altermondialiste, a de surcroît une plus grande efficacité économique, sociale et environnementale que l’agriculture industrielle et les plantations à grande échelle.

Si ce concept fait parfois surface dans les discours officiels, à l’instar de Michel Barnier qui l’a évoqué le 20 février 2009 dans une de ses déclarations concernant les Antilles, il reste néanmoins très attaché à la mouvance altermondialiste, et présente par conséquent une signification politique forte.

Rennes en route vers l’autosuffisance alimentaire !

Sources : bastamag.net / frabriquecitoyenne.rennes.fr / métropole.rennes.fr

Origine de l'article :

Par une délibération en date du 27 juin 2016, le Conseil municipal de la Ville de Rennes a affirmé sa volonté de s’engager en faveur de « l’autonomie alimentaire » de la ville. Rennes, investie au sein du label « Ville comestible de France » devient après Albi, une nouvelle municipalité à prendre la voie d’un avenir plus soutenable. Pourtant, pas loin de là, l’artificialisation des terres continue.

Lorsqu’une ville de plus de 200.000 habitants décide d’investir dans l’autonomie alimentaire locale, la nouvelle ne peut qu’être la bienvenue. En effet, la résolution de la Ville de Rennes indique la prise de conscience des élus locaux vis à vis des dangers qui pèsent sur les systèmes d’approvisionnement modernes, fortement dépendants du pétrole et des pesticides.

Aboutissement d’un processus de décision démocratique

La décision de la Ville de Rennes n’est pas anodine. Elle est l’aboutissement d’une politique d’intégration des habitants aux décisions publiques. Lancé en 2015, le projet intitulé « La Fabrique Citoyenne » prévoit un renouveau de la démocratie locale par le biais d’un pouvoir décisionnel accru donné aux habitants. Dans ce cadre, le budget participatif est une véritable innovation dans la manière dont sont prises les décisions.

Cet outil est inspiré des expériences du même genre ayant eu lieu en Amérique latine – et en particulier à Porto Alegre au Brésil. Le Budget participatif donne l’occasion aux habitants de s’exprimer à propos de l’affectation d’une partie du budget d’investissement à disposition d’une collectivité. Le budget étant un élément déterminant de l’indépendance locale, l’avancée est importante. C’est dans ce contexte que les discussions portant sur l’utilisation de l’espace public à Rennes se sont sont multipliées et que la volonté d’une réappropriation a été exprimée par les habitants.

Résilience locale

Dans une déclaration de principe ambitieuse, le Conseil municipal rappelle « son soutien au mouvement des Incroyables Comestibles » et entend « confirmer son désir de développer le label « Villes et villages comestibles de France » avec pour objectif de conforter son action vers l’autonomie alimentaire. ». Les élus locaux manifestent de cette manière leur intention de mieux prendre en compte les défis économiques, sociaux et environnementaux de demain. Dans les mois qui viennent, les jardins potagers, bacs publics et vergers urbains seront donc les bienvenus. Plus généralement, les élus indiquent leur soutien aux AMAP, à l’agriculture biologique et aux acteurs locaux de la biodiversité.

La végétalisation de la ville tout comme la multiplication d’espaces urbains comestibles s’inscrivent dans la démarche proposée par le mouvement des Transition towns, qui lutte pour une plus grande résilience locale. Ces choix traduisent la volonté de s’inscrire dans une économie qui privilégie les circuits courts. Favorable à un développement local et à une gestion de proximité des stocks alimentaires, la décision pourrait également être une avancée supplémentaire dans le processus de démocratie locale débuté précédemment.

transition_town

Artificialisation des terres, sous le nez des élus

La nouvelle a de quoi satisfaire. Cependant, l’agriculture urbaine ne nourrira pas les villes à ce stade de développement. Par conséquent, une attention particulière doit être apportée aux politiques agricoles. Dans le cas d’espèce, la métropole de Rennes fait moins bonne figure. Car sous son nez, la Ville de Bruz, qui appartient à la métropole, lance un projet d’agrandissement d’une zone commerciale, mettant en danger des terres fertiles.

Bastamag interpelle d’ailleurs à ce sujet et nous met en garde contre l’artificialisation croissante. En effet, le média indépendant relaie une pétition lancée par un paysan, Jérôme Thomas, qui dénonce un projet d’agrandissement d’une zone commerciale. Si le projet devait voir le jour, M. Thomas, qui cultive en biologique, perdrait les terres dont il est locataire.

Des terres agricoles sont ainsi sacrifiées au profit d’intérêts privés. Cette dernière décision, qui fait tache sur ces ambitions revendiquées, rappelle l’importance d’une politique environnementale transversale et entre en contradiction avec les ambitions affichée de la Ville de Rennes. Car, si l’agriculture urbaine peut traduire un changement dans la manière de penser, la mesure ne reste que de portée symbolique si elle n’est pas accompagnée d’une association réelle des agriculteurs, qui sont les véritables piliers de l’agriculture locale et de la résilience de demain.

Albi vise l'autosuffisance alimentaire grâce au bio et au gratuit !

Origine de l'article :

Garantir à tous une alimentation saine et écolo : jamais une aussi grande ville n'avait eu une telle ambition ! Gros plan sur un pari génial et futuriste.

Quand la politique fait preuve de volonté, tout est possible. La preuve à Albi où les élus de la ville viennent de se fixer un objectif aussi concret qu’utile et ambitieux : parvenir à l’auto-suffisance alimentaire de toute la commune à l’horizon 2020 !

Concrètement, cette ville de 51 000 habitants veut réorganiser sa production agricole pour que 100% de ce dont elle a besoin soit disponible dans un rayon de 60km seulement !

Avec à la mise en place de circuits-courts, la ville d’Albi vise trois objectifs : réduire l’impact carbone lié aux transports de marchandise, sécuriser les approvisionnement en cas de crise alimentaire et s’assurer une meilleure qualité des produits consommés !

Mais attention, l’autosuffisance alimentaire ne se décrète pas : elle se construit à force de décisions nouvelles et pragmatiques. Ainsi, la ville d’Albi a déjà préempté 73 ha de friche à deux pas du centre-ville. A mesure qu’elle en deviendra propriétaire, elle les mettra à disposition des nouveaux maraîchers à qui il ne manque qu’une terre pour exprimer le savoir-faire !

Ces terrains seront mis en location pour la modique somme de 70€ par an et par hectare. En échange, leurs exploitants devront juste s’engager à faire du bio et à réserver leur production au marché local.

Depuis le début de l’année, 8ha ont déjà été cédés, et 7 emplois créés !

En marge de cette politique d’acquisition de terres agricoles, la ville d’Albi a aussi décidé de donner un coup de pouce aux Incroyables comestibles, ce mouvement révolutionnaire qui encourage la culture et la cueillette de fruits et de légumes bios partout, tout le temps et gratuitement !

Dans cette optique, les espaces verts communaux sont là aussi mis à disposition de tous ceux qui ont des graines à semer. Adieu géraniums, bonjour poireaux ! Et tant pis pour les vieilles habitudes, d’autant que ce qui est bon peut aussi être beau !

Le Figaro rapporte que les habitants n’osent pas encore se servir gratuitement dans ces potagers sauvages encouragés par la mairie. « Ils ont l’impression que c’est du vol ». Il faudra donc un peu de temps pour que la population se réapproprie la terre et ses richesses, mais le mouvement est lancé !

Dernière étape pour parvenir à l’autosuffisance : convaincre la grande distribution de s’approvisionner auprès des producteurs locaux. Et, là aussi, c’est en bon chemin. Il faut dire que les clients consommateurs se détournent de plus en plus des produits venus de loin. Les grandes surfaces n’ont donc plus d’autre choix que de s’adapter !

Ne manger que des aliments sains, bons et produits par ses voisins : l’auto-suffisance alimentaire, c’est ça ! Aujourd’hui, l’idée ressemble encore à une utopie. Mais demain, si les consommateurs et les politiques se donnent la main comme à Albi, alors ce sera la norme !

L'exemple de Mouans Sartoux à 16min 21s
qui a développé une régie municipale maraîchère pour nourrir en bio ses écoles.

Responsabilité alimentaire des maires :
"Les maires des communes ont ainsi la responsabilité politique de prendre des mesures pour assurer la sécurité alimentaire de leurs villes, pour en garantir la résilience en cas de rupture de la chaîne alimentaire, en créant, à côté des zones d'activité économique ou commerciale, des zones d'activité nourricière. Ils n'ont d'ailleurs besoin d'aucune autorisation pour faire cela. Ils peuvent acquérir des terres, comme l'a fait à Val-de-Reuil la Communauté d'agglomération Seine-Eure, afin de développer une agriculture biologique sur 110 hectares situés sur le périmètre de protection de captage de sa ressource en eau. La collectivité a même transformé un ancien bâtiment industriel, de 10.000 mètres carrés, en "pôle alimentaire", où les producteurs commercialisent leurs produits, les conditionnent, partagent des outils agricoles, organisent des cours de cuisine... En un an, cela a permis de recréer les 59 emplois détruits à cause de la fermeture de l'ancienne usine."

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"La résolution est inspirée par les travaux de Stéphane Linou, spécialiste de la résilience alimentaire et des risques sécuritaires. Présentée en décembre par la sénatrice, elle avait été rejetée à seize voix près.
Dans cette proposition, la sénatrice soulève l’idée d’un comité d’experts, nommé Conseil national de la résilience alimentaire, qui pourrait cartographier les ressources et flux alimentaires, et travailler sur les moyens de renforcer l’indépendance alimentaire des territoires. Françoise Laborde déclare que « Suite à ses différents échanges avec les syndicats et les filières tout au long de la crise, qui ressemblent à des comités techniques, je pense que Didier Guillaume sera d’accord pour donner une vraie suite à cette idée », confie la sénatrice, après avoir discuté de sa proposition avec le ministre de l’Agriculture début avril.
Les résultats d’un récent sondage Odoxa – Confluence réalisé pour « Les Echos » et Radio Classique semblent corroborer cette idée de conseil national de la résilience alimentaire. « A l’issue de cette crise, plus de neuf personnes interrogées sur dix veulent que l’exécutif garantisse ‘ l’autonomie agricole de la France’ (93 %) », peut-on lire dans Les Echos."
https://www.reussir.fr/une-senatrice-propose-la-creation-dun-consei...

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