journalisme et démocratie - Pour une démocratie directe locale2024-03-28T21:40:07Zhttp://elevons-niveau-nos-democraties.ning.com/forum/topics/journalisme-et-d-mocratie?feed=yes&xn_auth=noOrigine de l'article :
Le Cen…tag:elevons-niveau-nos-democraties.ning.com,2017-06-21:5231443:Comment:153032017-06-21T08:17:13.349Ztinsmarhttp://elevons-niveau-nos-democraties.ning.com/profile/tinsmar
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<h1 class="crayon article-titre-9931 h1" style="color: #be2e0d;">Le Centre de formation des journalistes saisi par l’argent-roi</h1>
<div class="crayon article-chapo-9931 chapo"><p>Comment l’enseignement du journalisme parvient-il à fabriquer en série et au moindre coût des professionnels disposés ou résignés à faire de l’information telle qu’elle est devenue…</p>
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<h1 style="color: #be2e0d;" class="crayon article-titre-9931 h1">Le Centre de formation des journalistes saisi par l’argent-roi</h1>
<div class="crayon article-chapo-9931 chapo"><p>Comment l’enseignement du journalisme parvient-il à fabriquer en série et au moindre coût des professionnels disposés ou résignés à faire de l’information telle qu’elle est devenue<small class="fine"> </small>? Pourquoi des aînés ayant intériorisé les contraintes du marché s’ingénient-ils, avec conviction et sincérité, à les faire adopter par leurs cadets, afin que tous se sentent «<small class="fine"> </small>libres<small class="fine"> </small>» dans des médias «<small class="fine"> </small>libres<small class="fine"> </small>»<small class="fine"> </small>? A ces questions, une plongée dans le Centre de formation des journalistes (CFJ) de Paris offre bien des réponses. Issue de la Résistance et porteuse, hier encore, de la conception rigoureuse et de l’éthique chères à Hubert Beuve-Méry, fondateur du «<small class="fine"> </small>Monde<small class="fine"> </small>», l’école de la rue du Louvre a subi une mue caractéristique. Avec l’argent-roi, le conformisme y a pris le pouvoir. Ses diplômés n’ont plus besoin d’«<small class="fine"> </small>aller aux ordres<small class="fine"> </small>» pour servir les puissants : pour beaucoup d’entre eux, tout est déjà dans l’ordre…</p>
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<div class="dates_auteurs crayon article-metadonnees-9931">par <span class="auteurs">François Ruffin</span> <a class="partage" href="https://www.monde-diplomatique.fr/2003/02/RUFFIN/9931#partage" title="Partager cet article"> </a></div>
<div class="crayon article-texte-9931 texte colore"><p><span class="mot-lettrine"><span style="color: #be2e0d;" class="lettrine avecapo">C<span class="lapo">’</span></span>est</span> une curiosité du journalisme : ses membres appartiennent à une profession dite «<small class="fine"> </small>ouverte<small class="fine"> </small>», qui n’exige aucun diplôme pour son exercice. Et, de fait, seuls 12<small class="fine"> </small>% des titulaires d’une carte de presse sortent d’un des neuf établissements agréés : les IUT de Bordeaux et de Tours, le Centre universitaire d’enseignement du journalisme (CUEJ) de Strasbourg, l’Ecole de journalisme et de communication de Marseille (EJCM), l’Ecole supérieure de journalisme de Lille, l’Ecole de journalisme de Toulouse et - à Paris - le Centre de formation des journalistes (CFJ), le Celsa et l’Institut pratique du journalisme.</p>
<p>Cette faible proportion apparente masque un important clivage : d’un côté, une presse régionale et une presse spécialisée qui recrutent, massivement, parmi les non-diplômés. De l’autre, des médias plus renommés (AFP, France-Inter, France 2, etc.) qui considèrent le passage par une école comme <i>«<small class="fine"> </small>une étape quasi indispensable<small class="fine"> </small>» : «<small class="fine"> </small>Voir désormais un jeune grand reporter "formé sur le tas" semble de plus en plus improbable dans les médias nationaux</i> (<a href="https://www.monde-diplomatique.fr/2003/02/RUFFIN/9931#nb1" class="spip_note" rel="footnote" title="" id="nh1" name="nh1">1</a>). <i>»</i> C’est une évolution notable du métier : là où on entrait, jadis, par la petite porte ou grâce à un piston, un titre scolaire est désormais requis.</p>
<p>Toutes les écoles ne mènent pourtant pas à Rome. Tandis que les formations universitaires (les deux IUT, le CUEJ, l’EJCM et le Celsa) débouchent, bien souvent, sur des contrats à durée déterminée (CDD) dans l’audiovisuel de province ou la presse magazine, deux établissements privés ont la préférence des «<small class="fine"> </small>grands<small class="fine"> </small>» médias : l’Ecole supérieure de journalisme (ESJ), à Lille, et surtout, à Paris, le Centre de formation des journalistes (CFJ), parfois qualifié d’<i>«<small class="fine"> </small>ENA du journalisme<small class="fine"> </small>».</i> Un guide <i>L’Etudiant</i> affirme ainsi : <i>«<small class="fine"> </small>Le CFJ est au journalisme ce que Sciences-Po est à l’administration : une école d’excellence</i> (<a href="https://www.monde-diplomatique.fr/2003/02/RUFFIN/9931#nb2" class="spip_note" rel="footnote" title="" id="nh2" name="nh2">2</a>). <i>»</i></p>
<p>Fondé en 1946 par de jeunes résistants, dans le quartier des Halles, <i>«<small class="fine"> </small>le CFJ structure durablement le journalisme français</i> (<a href="https://www.monde-diplomatique.fr/2003/02/RUFFIN/9931#nb3" class="spip_note" rel="footnote" title="" id="nh3" name="nh3">3</a>) <i>».</i> Il forme une «<small class="fine"> </small>élite<small class="fine"> </small>». Un rapide décompte dans l’<i>Annuaire des anciens élèves</i> suffit : deux milliers de journalistes, à peine, sont issus du Centre entre 1947 et 2002. Une goutte d’eau, noyée dans l’océan de leurs 32 768 collègues actuels. Mais ces deux mille-là comptent dans les médias qui comptent : une vingtaine au <i>Figaro</i>, à <i>L’Express</i>, à Europe 1, une trentaine à TF1, quarante à <i>Libération</i>, cinquante à France 2, soixante-cinq au <i>Monde</i>, plus de cent à l’Agence France-Presse (AFP)<small class="fine"> </small>! Alors que l’ensemble des quotidiens régionaux n’emploient, eux, au total, que 68 anciens du CFJ... Ajoutons que, dans leurs entreprises, ces diplômés stagnent rarement à la base : cet <i>Annuaire</i> constitue un catalogue des grands ténors des médias (Franz-Olivier Giesbert, Laurent Joffrin, Pierre Lescure...), des <i>«<small class="fine"> </small>directeurs de la rédaction<small class="fine"> </small>»</i> et autres <i>«<small class="fine"> </small>chefs de service<small class="fine"> </small>»</i> qui ont pris l’<i>«<small class="fine"> </small>ascenseur social<small class="fine"> </small>»</i> et <i>«<small class="fine"> </small>occupent des positions prestigieuses dans la hiérarchie interne</i> (<a href="https://www.monde-diplomatique.fr/2003/02/RUFFIN/9931#nb4" class="spip_note" rel="footnote" title="" id="nh4" name="nh4">4</a>) <i>».</i> Peut-on s’étonner que les deux journalistes les plus écoutés de France, les deux présentateurs attitrés des journaux télévisés de 20 heures, Patrick Poivre d’Arvor pour TF1 et David Pujadas pour France2, sortent du CFJ<small class="fine"> </small>?</p>
<p>Adoubant des journalistes bien cotés, qui siègent à des postes influents dans des médias influents, le CFJ détermine, en partie, ce que sont et seront les médias. Une certaine conception du métier s’est édifiée au Centre, que les élèves ont ensuite lentement répandue dans les rédactions. A l’origine, les enseignants vantaient les vertus des faits contre le commentaire, avec une exigence de factualité et de fiabilité. Au reporter aventurier à la Joseph Kessel ou au rédacteur de talent comme Albert Camus, figures alors emblématiques du journalisme, le CFJ a opposé un modèle : celui du professionnel rigoureux, à l’écriture sans fioriture (<i>«<small class="fine"> </small>clair, correct, concis, complet<small class="fine"> </small>»</i>), qui recoupe ses sources avec sérieux. Dans une profession où régnait la corruption, les enseignants exhortèrent à l’honnêteté intellectuelle et pécuniaire, <i>«<small class="fine"> </small>à la défense des valeurs morales contre la logique de rentabilité<small class="fine"> </small>»</i>. Ces efforts épousaient la ligne ascétique d’un Hubert Beuve-Méry (<a href="https://www.monde-diplomatique.fr/2003/02/RUFFIN/9931#nb5" class="spip_note" rel="footnote" title="" id="nh5" name="nh5">5</a>), et une chercheuse peut noter que, à cette époque, dans les années 1950, <i>«<small class="fine"> </small>les journalistes rédacteurs du journal</i> Le Monde <i>partageaient avec le CFJ une communauté de vues et d’esprit</i> (<a href="https://www.monde-diplomatique.fr/2003/02/RUFFIN/9931#nb6" class="spip_note" rel="footnote" title="" id="nh6" name="nh6">6</a>) <i>».</i></p>
<p>Mais, depuis, le journalisme est devenu moins souvent citoyen que lucratif. Des pans entiers du champ intellectuel ont basculé dans la conquête de l’Audimat et la quête du profit, et c’est de ce renversement idéologique que témoigne clairement l’orientation actuelle du Centre, tant par sa pédagogie que par son vide intellectuel ou son discours libéral.</p>
<p><i>«<small class="fine"> </small>Un flash, c’est six, sept brèves, tac, tac, tac. Jamais une qui dépasse les quarante secondes.<small class="fine"> </small>»</i> Dans l’enseignement, prédominent la mise en forme et la mise au format, avec des prescriptions qui se suivent et se ressemblent : <i>«<small class="fine"> </small>Autant que possible, évitez les subordonnées, les phrases supérieures à quatorze mots.<small class="fine"> </small>» «<small class="fine"> </small>2 min 15 pour un reportage, c’est énorme en télé, c’est énorme... Y a un problème de temps.<small class="fine"> </small>»</i> <i>«<small class="fine"> </small>Un sonore de plus de 15 secondes, posez-vous la question.<small class="fine"> </small>»</i> La question du sens, elle, ne se pose pas. Lorsqu’elle surgit, c’est le fait d’un élève, et l’enseignant l’enterre aussitôt : <i>«<small class="fine"> </small>Mais, en une minute, on n’a le temps de rien dire<small class="fine"> </small>! - Eh oui,</i> s’amuse l’encadrant (rédacteur en chef adjoint de LCI). <i>Bienvenue dans le monde de la télé<small class="fine"> </small>!<small class="fine"> </small>»</i></p>
<p>Dès la rentrée, le responsable «<small class="fine"> </small>presse écrite<small class="fine"> </small>» théorise ces visées normatives : <i>«<small class="fine"> </small>Dans la profession, il y a un certain nombre de journaux ou de journalistes qui ne sont pas dans la ligne, on dira. Ici, on va vous demander de suivre la ligne, si on peut dire, de rester dans la norme.<small class="fine"> </small>»</i> Avant de s’irriter, une semaine plus tard, excédé par les <i>«<small class="fine"> </small>déviances<small class="fine"> </small>»</i> des étudiants : <i>«<small class="fine"> </small>Eh bien, oui, oui, il y a un moule CFJ, et il faudra bien vous y couler.<small class="fine"> </small>»</i></p>
<p>Ce moule impose, avant tout, de <i>«<small class="fine"> </small>suivre l’actualité<small class="fine"> </small>».</i> Car <i>«<small class="fine"> </small>on fait du news, encore du news, toujours du news<small class="fine"> </small>».</i> Et les apprentis journalistes sont remis dans le droit chemin de l’«<small class="fine"> </small>actualité<small class="fine"> </small>», tantôt par des injonctions <i>(«<small class="fine"> </small>C’est chaud, c’est chaud, ou alors ça ne se justifie pas<small class="fine"> </small>»)</i>, tantôt par de confraternels conseils :</p>
<p>- Une étudiante : <i>«<small class="fine"> </small>Pour mercredi, avec la sortie du film sur les Bibs, les travailleurs de chez Michelin, on aurait voulu faire un retour sur la condition ouvrière...<small class="fine"> </small>»</i></p>
<p>- Le rédacteur en chef : <i>«<small class="fine"> </small>Ça, c’est un sujet mag, c’est pas de l’actu. Il faut espérer qu’on aura autre chose comme actu, de l’actu qui parle un peu plus.<small class="fine"> </small>»</i></p>
<h3 style="color: #be2e0d;" class="h3 spip">«<small class="fine"> </small>Que prennent les Français comme apéritif<small class="fine"> </small>?<small class="fine"> </small>»</h3>
<p>De «<small class="fine"> </small>l’actu<small class="fine"> </small>», les intervenants en dénichent alors dans <i>Le Parisien :</i> «<small class="fine"> </small>Mercredi, je vois qu’il y a PSG-OM. Ça ne peut pas être moins d’une page.<small class="fine"> </small>» Les étudiants titrent donc «<small class="fine"> </small>En attendant l’OM<small class="fine"> </small>», puis «<small class="fine"> </small>Fernandez dédramatise<small class="fine"> </small>» et enfin «<small class="fine"> </small>PSG-OM, le match qui fait trembler la ville<small class="fine"> </small>», «<small class="fine"> </small>Une odeur de soufre<small class="fine"> </small>», «<small class="fine"> </small>Il va y avoir des incidents<small class="fine"> </small>», «<small class="fine"> </small>Une rivalité historique<small class="fine"> </small>», «<small class="fine"> </small>Le PSG gonflé à bloc<small class="fine"> </small>»... Sept articles, pour un match nul 0-0, avec de modestes jets de pierres...</p>
<p>Ce dogme de l’actualité masque, en fait, une option économiste : est demandé au journaliste de s’abstraire, de renoncer à ses valeurs, s’il en a, au profit d’une hiérarchie de l’information grand public. <i>«<small class="fine"> </small>Est-ce qu’il faut rallumer son chauffage<small class="fine"> </small>? Avec le coup de froid de ce matin, voilà la question que se posent les gens. Ça, c’est un reportage d’actualité, et ça concerne 60 millions de Français<small class="fine"> </small>»</i>, assure le responsable de la formation télé. Les nouvelles aux conséquences diplomatiques ou sociales passent à la trappe, tandis que prime désormais l’intérêt immédiat de l’audience, qui vaut au sujet d’être rebaptisé «<small class="fine"> </small>d’actualité<small class="fine"> </small>».</p>
<p>Ainsi, lors d’une session télévision, Stéphane souhaitait tourner un reportage sur le commerce équitable. L’intervenant hésite : <i>«<small class="fine"> </small>Je verrais plutôt, tiens, par exemple, un truc du genre : "Que prennent les Français comme apéritif<small class="fine"> </small>?" - Mais c’est nul. - Oui, mais ça sera regardé par 8 millions de téléspectateurs. Tandis que ta campagne, là, "De l’éthique sur l’étiquette", personne ne connaît. - Mais justement. Ça peut intéresser les gens. Leur faire découvrir. - Ouais</i> (se tirant la paupière). <i>Mon oeil. Ils s’en foutent, les gens.<small class="fine"> </small>»</i></p>
<p>Le but affiché de cet enseignement : imiter les «<small class="fine"> </small>grands<small class="fine"> </small>» médias. Ce dont témoigne un formateur au lancement de l’hebdomadaire-école : <i>«<small class="fine"> </small>Les années précédentes, on a conçu des productions vraiment synchro avec les concurrents. On était sur la même actu que</i> L’Express <i>ou</i> Le Point. On n’avait rien manqué. J’espère que notre produit sera aussi performant cette fois-ci.<small class="fine"> </small>» Voilà une définition de la «<small class="fine"> </small>performance<small class="fine"> </small>» : obtenir le même «<small class="fine"> </small>produit<small class="fine"> </small>» que les professionnels.</p>
<p>Un rituel prouve, en télévision, ce souci constant : pour préparer notre journal télévisé (interne) de 18 heures, le chef d’édition observe les 13 heures de TF1 et de France 2, garde un oeil sur iTélévision et LCI, relève les différents sujets, note leur ordre d’apparition - que les élèves reproduisent fidèlement le soir même : le décès d’une skieuse, le bacille du charbon à Washington, les «<small class="fine"> </small>frappes<small class="fine"> </small>» américaines en Afghanistan, les citrouilles de Halloween... La copie semble d’autant plus conforme que les quantités sont respectées : <i>«<small class="fine"> </small>7 minutes sur la mort de Régine Cavagnoud, pour un journal de 20 minutes, c’est bien. PPDA</i> (Patrick Poivre d’Arvor) <i>en fera un tiers aussi, ce soir, à peu près.<small class="fine"> </small>»</i></p>
<p>Autre disparition : Gilbert Bécaud, la veille du bouclage de l’hebdo. <i>«<small class="fine"> </small>Il faut faire quatre pages dessus<small class="fine"> </small>»</i>, ordonne aussitôt le rédacteur en chef. Avant d’être, le lendemain, saisi par le doute : <i>«<small class="fine"> </small>Les quotidiens le mettent en "une", mais ça ne prend pas non plus tout le journal. On en a peut-être fait trop. On peut en discuter.<small class="fine"> </small>»</i> La parution des hebdomadaires viendra finalement le réconforter : <i>«<small class="fine"> </small>Vous avez vu<small class="fine"> </small>? Ça fait la couverture et quatre pages de</i> Match. <i>Donc on est bon.<small class="fine"> </small>»</i> A l’Institut pratique du journalisme, à Paris, les élèves copient <i>Le Nouvel Observateur</i> presque à la virgule près : pagination, style, titraille, rubriques...</p>
<p>Peut-on concevoir une «<small class="fine"> </small>grande école<small class="fine"> </small>», qui plus est «<small class="fine"> </small>de journalisme<small class="fine"> </small>», sans bibliothèque<small class="fine"> </small>? C’est pourtant possible, le CFJ l’atteste : en guise de rayonnages d’ouvrages, une très modeste «<small class="fine"> </small>documentation<small class="fine"> </small>», avec des magazines, un <i>Quid,</i> quelques dictionnaires, un manuel de la ponctuation... Une centaine d’usuels, à peine.</p>
<p>Cette indigence ne résulte d’aucun calcul, elle correspond au programme de l’établissement, jamais formulé comme tel : puisque, pour faire du journalisme, aucun savoir n’est requis, à quoi pourraient donc servir les instruments du savoir<small class="fine"> </small>? A l’ESJ de Lille, d’ailleurs, un immense fonds subsiste... rarement consulté, comme le raconte le documentaliste : <i>«<small class="fine"> </small>Les étudiants arrêtent quasiment de lire des livres lorsqu’ils passent le seuil de l’école de journalisme</i> (...), <i>comme s’ils devaient d’ores et déjà acquérir et intérioriser les réflexes en vigueur dans les rédactions</i> (<a href="https://www.monde-diplomatique.fr/2003/02/RUFFIN/9931#nb7" class="spip_note" rel="footnote" title="" id="nh7" name="nh7">7</a>). <i>»</i></p>
<p>Les élèves ne parcourent même plus les essais qu’ils critiquent. Ainsi de Benoît, pour un ouvrage sur la guerre d’Algérie. <i>«<small class="fine"> </small>Poursuis ton papier sur le livre de Jacques Duquesne,</i> lui conseille une intervenante de France-Culture. <i>- Mais je ne l’ai pas ouvert<small class="fine"> </small>! - Pas la peine. Il faut faire vite. Lis juste une critique du</i> Monde. <i>»</i> Une recommandation qu’elle renouvelle pour un film de Claude Lanzmann (non visionné) et une étude sur les <i>«<small class="fine"> </small>working poor<small class="fine"> </small>»</i>. Nulle incompétence chez cette professionnelle : elle a incorporé le rythme de son métier, son appétit de productivité, et en a adopté les ruses. Car, loin de handicaper le journaliste, une méconnaissance des sujets constitue un atout : un savoir incongru risquerait de parasiter la synthèse<small class="fine"> </small>; la complexité envahirait le chroniqueur, qui déborderait du format, dépasserait la minute, voire - extrême limite - les 1min15...</p>
<p>Avec quatre séminaires en deux ans, perdue dans le no man’s land des brèves, des flashes et des filets, la culture générale vivote en marge de la pratique. Plus inquiétant, l’absence de réflexion dans la pratique. C’est flagrant pour les «<small class="fine"> </small>micro-trottoirs<small class="fine"> </small>» sur «<small class="fine"> </small>Loft Story<small class="fine"> </small>» ou les «<small class="fine"> </small>info-divertissements<small class="fine"> </small>», comme le Salon du chocolat. Mais c’est le cas, aussi, pour des sujets plus politiques. Les élèves multiplient les «<small class="fine"> </small>papiers<small class="fine"> </small>», trois mois durant, sur les péripéties concernant les retraites, le PARE, les 35 heures... sans voir plus loin que le bout de leurs dépêches AFP, sans rien savoir de l’Unedic ou de la gestion paritaire, sans comparer «<small class="fine"> </small>capitalisation<small class="fine"> </small>» et «<small class="fine"> </small>répartition<small class="fine"> </small>». Ils rédigent, pour un hebdomadaire, six pages sur l’<i>«<small class="fine"> </small>euro, le roman d’une naissance<small class="fine"> </small>»</i> sans le moindre questionnement sur les critères de Maastricht, leurs conséquences sociales, la souveraineté nationale, etc. La monnaie unique est ainsi décrite comme <i>«<small class="fine"> </small>novatrice, et surtout nécessaire<small class="fine"> </small>» :</i> «<small class="fine"> </small>Difficile en effet de commercer au sein du Marché commun (...) <i>quand des fluctuations de monnaie peuvent à tout moment faire varier les prix d’un pays à l’autre.<small class="fine"> </small>»</i> Cette appréciation ne résulte d’aucun choix, plutôt d’un non-choix. D’une non-pensée, qui naturalise les mécanismes historiques, financiers ou sociaux. Qui présente, comme nécessaire et positif, ce qui est. Qui épouse sans effort le consensus.</p>
<p>C’est cette surenchère par le bas, ce <i>«<small class="fine"> </small>culte du moins-pensant<small class="fine"> </small>»</i>, que stigmatise un élève : <i>«<small class="fine"> </small>Il y a un manque vraiment désespérant d’interrogations, de confrontations sur le fond, qui engendre un conformisme. Dans une école, c’est navrant.<small class="fine"> </small>»</i> Ces confrontations sur le fond, le CFJ ne les encourage pas, voire les décourage. Mais la plupart des étudiants n’y aspirent pas davantage. Entre eux, jamais d’empoignades, jamais de débats. Sur le libéralisme, l’écologie, la place de l’Etat, la fermeture de Michelin, rien. Seul <i>Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain -</i> pour ou contre<small class="fine"> </small>? Facho ou rétro<small class="fine"> </small>? - éveille une mini-controverse.</p>
<p>Une parole publique anémiée, une pensée exsangue... en un lieu où se forment les agitateurs (supposés) de la démocratie. Comment expliquer ce paradoxe apparent<small class="fine"> </small>? La faute à l’époque, sûrement, désenchantée. Ces jeunes ont grandi dans la crise, génération pragmatique, sans utopies ni illusions. <i>«<small class="fine"> </small>C’est ça, l’esprit du temps,</i> notait Cornélius Castoriadis<i>. Tout conspire dans le même sens, pour les mêmes résultats, c’est-à-dire l’insignifiance</i> (<a href="https://www.monde-diplomatique.fr/2003/02/RUFFIN/9931#nb8" class="spip_note" rel="footnote" title="" id="nh8" name="nh8">8</a>). <i>»</i></p>
<p>S’y ajoute une forte homogénéité sociale. Comment débattre de la torture en Algérie, de la Cour pénale internationale, de l’intervention en Afghanistan, alors que les élèves sont tous d’accord<small class="fine"> </small>? Tous «<small class="fine"> </small>progressistes<small class="fine"> </small>», tous «<small class="fine"> </small>modernes<small class="fine"> </small>», tous du centre gauche<small class="fine"> </small>? Presque tous proches de Bertrand Delanoë, ce <i>«<small class="fine"> </small>Lawrence d’Arabie qui a conquis Paris<small class="fine"> </small>»</i>, ce <i>«<small class="fine"> </small>grand imaginatif<small class="fine"> </small>»</i>, <i>«<small class="fine"> </small>un peu visionnaire<small class="fine"> </small>»</i>, ce <i>«<small class="fine"> </small>chevalier sans peur<small class="fine"> </small>»</i>, qui <i>«<small class="fine"> </small>ne s’arrête jamais<small class="fine"> </small>»</i> et <i>«<small class="fine"> </small>ne fait pas la star</i> (<a href="https://www.monde-diplomatique.fr/2003/02/RUFFIN/9931#nb9" class="spip_note" rel="footnote" title="" id="nh9" name="nh9">9</a>) <i>»</i><small class="fine"> </small>?</p>
<p>Enfants des classes moyennes supérieures, à la jeunesse insipide et/ou heureuse, nulle injustice ne les a marqués. Ils n’éprouvent aucune colère contre le monde, à quelques détails près. A quoi bon, dès lors, fourbir des outils théoriques pour dénoncer l’ordre scolaire, financier, judiciaire, établi - qui les a jusqu’ici bien servis<small class="fine"> </small>?</p>
<p>Le Centre n’apparaît guère comme le creuset d’une réflexion critique sur le monde, encore moins sur le journalisme. Jamais l’école ne reçoit un sémiologue, qui rendrait les notions d’«<small class="fine"> </small>événement<small class="fine"> </small>» et d’«<small class="fine"> </small>actualité<small class="fine"> </small>» moins naturelles. Pas davantage un sociologue, qui démonterait les présupposés des médias. Pas même un historien de la presse, qui narrerait les batailles autour de ce secteur. Jamais ne sont évoqués ni Jules Vallès, ni Jean Jaurès, ni Octave Mirbeau, ni aucun de ces grands noms qui ont <i>«<small class="fine"> </small>porté la plume dans la plaie<small class="fine"> </small>»</i> et pour qui témoigner relevait de l’engagement moral. Quant aux Daniel Mermet, Denis Robert, Pierre Carles et autres reporters hérétiques, jamais ils ne sont proposés en contre-modèles comme on ouvrirait une fenêtre.</p>
<p>Ces iconoclastes risqueraient d’introduire une distance critique. Alors que les formateurs s’efforcent, à l’inverse, d’inculquer aux étudiants des croyances : il est évident qu’il faut produire vite... Il est évident qu’il faut attirer le public... Il est évident qu’il faut annoncer le tiercé, la météo, la Bourse... Et c’est d’autant plus évident qu’on ne se penche jamais sur ces évidences. Guère critiqué, le mode de production type «<small class="fine"> </small>LCI <i>- Le Parisien -</i> France Info<small class="fine"> </small>» apparaît naturel. Et donc impossible à contester au nom d’un avant (ignoré), d’un ailleurs (inconnu) ou d’un autrement (informulé).</p>
<h3 style="color: #be2e0d;" class="h3 spip">Les lessiviers de la presse</h3>
<p>Les rares discours, loin d’émanciper les esprits, redoublent cette fermeture : seule est légitime la parole qui légitime. Celle des invités réguliers : rédacteurs en chef de <i>Paris-Match</i>, de <i>La Croix</i>, de France 2, du <i>Parisien<small class="fine"> </small>; celle des PDG de Canal+, RTL,</i> Ouest-France<small class="fine"> </small>; celle des directeurs de <i>Télérama</i>, de <i>L’Express</i>, du <i>Monde</i>, de TF1, de <i>l’Equipe.fr</i>... Un chassé-croisé de dirigeants, peu enclins à prôner la rébellion, eux qui ont trouvé une place, confortable, au pinacle du «<small class="fine"> </small>quatrième pouvoir<small class="fine"> </small>».</p>
<p>Leurs propos ne remettent pas en cause l’ordre marchand, mais le justifient : <i>«<small class="fine"> </small>Le seul critère, c’est le résultat, l’audience ou la vente.<small class="fine"> </small>» «<small class="fine"> </small>Mon patron déclarait : "Je suis un lessivier de la presse et je le revendique."<small class="fine"> </small>» «<small class="fine"> </small>Nous ne vendons pas des produits, nous vendons des audiences.<small class="fine"> </small>» «<small class="fine"> </small>On est dans l’univers de l’information, donc de la marchandise.<small class="fine"> </small>» «<small class="fine"> </small>Tous les titres chez nous doivent être rentables, à hauteur de 10<small class="fine"> </small>% à 15<small class="fine"> </small>%.<small class="fine"> </small>» «<small class="fine"> </small>Dans les médias, on est dans la même logique que le PDG de Procter.<small class="fine"> </small>»</i> <i>«<small class="fine"> </small></i> Le Monde <i>est une marque, et une marque très forte.<small class="fine"> </small>»</i> Un florilège, recueilli au hasard du séminaire «<small class="fine"> </small>Les médias dans leur environnement<small class="fine"> </small>». Thème quasiment unique : l’argent. A sens unique : l’argent fait le bonheur des journalistes. Sa lente invasion de la presse<small class="fine"> </small>? Une fatalité bienfaisante, et aucun intervenant n’incite à critiquer cette tendance. A l’inverse, tous s’en réjouissent, avec une belle unanimité.</p>
<p>Découvrir ce point de vue, celui du sommet, représente un éclairant dévoilement. Surtout lorsque les masques tombent, sous prétexte qu’<i>«<small class="fine"> </small>on est entre nous<small class="fine"> </small>»</i>, que <i>«<small class="fine"> </small>ça reste en famille<small class="fine"> </small>»</i>, qu’<i>«<small class="fine"> </small>on peut tout se dire<small class="fine"> </small>»</i>, lorsque le négoce des <i>news</i> cesse de se camoufler <i>«<small class="fine"> </small>sous le manteau de la culture, de l’esprit, de la vertu et de la sagesse</i> (<a href="https://www.monde-diplomatique.fr/2003/02/RUFFIN/9931#nb10" class="spip_note" rel="footnote" title="" id="nh10" name="nh10">10</a>)<small class="fine"> </small>». Reste que ces patrons détiennent, au CFJ, le monopole du discours sur le journalisme. Jamais ne sont proposés d’autres modèles que ces bourgeois, satisfaits du monde comme il va et des médias tels qu’ils se font.</p>
<p>Car c’est bien d’un modèle qu’il s’agit. Aux étudiants, à leur suite, de grimper dans la hiérarchie des grands journaux. A eux de bientôt ressembler à ces managers-directeurs. A eux d’adopter ce langage, sur fond de «<small class="fine"> </small>coups marketing<small class="fine"> </small>», de rentabilité, de parts d’audience. C’est un dépucelage idéologique que le Centre offre en guise de formation : <i>«<small class="fine"> </small>Ce que vous êtes naïfs<small class="fine"> </small>!,</i> s’emporte un enseignant. <i>Les médias, c’est une industrie. On vend du papier comme d’autres vendent des poireaux.<small class="fine"> </small>»</i></p>
<p>Que ces jeunes gens se débarrassent de leurs pudeurs et l’envol de leur carrière sera bientôt assuré : <i>«<small class="fine"> </small>On m’a demandé de vous préparer pour le jour où vous serez chargés du budget d’une rédaction,</i> annonce l’ancien directeur de <i>La Tribune</i>. <i>Ce que je vous souhaite, évidemment.<small class="fine"> </small>»</i></p>
<p>Quel est le rôle du journaliste<small class="fine"> </small>? Cette question n’est jamais posée, car elle ne se pose pas : il est là pour s’adapter à la demande du marché. Quel est le rôle du CFJ<small class="fine"> </small>? Ne pas s’interroger, c’est déjà répondre : il est là pour s’adapter aux besoins des entreprises.</p>
<p>Les responsables s’en vantent, d’ailleurs. A lire leur prose, le Centre se conforme aux <i>«<small class="fine"> </small>besoins des recruteurs<small class="fine"> </small>»</i>, trouve <i>«<small class="fine"> </small>une solution à l’inadéquation de l’offre et de la demande<small class="fine"> </small>»</i>, sait <i>«<small class="fine"> </small>répondre aux évolutions du marché</i> (<a href="https://www.monde-diplomatique.fr/2003/02/RUFFIN/9931#nb11" class="spip_note" rel="footnote" title="" id="nh11" name="nh11">11</a>) <i>», «<small class="fine"> </small>adapte de façon permanente l’enseignement aux besoins de la profession et des médias</i> (<a href="https://www.monde-diplomatique.fr/2003/02/RUFFIN/9931#nb12" class="spip_note" rel="footnote" title="" id="nh12" name="nh12">12</a>) <i>», «<small class="fine"> </small>fixe une politique en rapport avec un environnement média en évolution constante</i> (<a href="https://www.monde-diplomatique.fr/2003/02/RUFFIN/9931#nb13" class="spip_note" rel="footnote" title="" id="nh13" name="nh13">13</a>) <i>»</i> afin de <i>«<small class="fine"> </small>livrer des étudiants "clés en main"</i> (<a href="https://www.monde-diplomatique.fr/2003/02/RUFFIN/9931#nb14" class="spip_note" rel="footnote" title="" id="nh14" name="nh14">14</a>) <i>», «<small class="fine"> </small>polyvalents et immédiatement opérationnels</i> (<a href="https://www.monde-diplomatique.fr/2003/02/RUFFIN/9931#nb15" class="spip_note" rel="footnote" title="" id="nh15" name="nh15">15</a>) <i>»</i>.</p>
<p>Au fil des années 1980 et 1990, cet économisme a progressivement imprégné toutes les formations au journalisme. Mais c’est plus flagrant encore au CFJ, qui est allé plus loin et plus vite dans son ajustement au marché. Un virage libéral, que des circonstances historiques expliquent.</p>
<p>Traditionnellement, le Centre de formation et de perfectionnement des journalistes (CFPJ) (<a href="https://www.monde-diplomatique.fr/2003/02/RUFFIN/9931#nb16" class="spip_note" rel="footnote" title="" id="nh16" name="nh16">16</a>) était gouverné paritairement, par une moitié de syndicalistes et une autre de patrons. Au printemps 1998, il y eut un dépôt de bilan, suivi d’une privatisation de fait : RMC, <i>La Vie du rail</i>, Bayard Presse, France 2, France 3, <i>Le Nouvel Observateur</i>, Hachette, etc., «<small class="fine"> </small>sauvèrent<small class="fine"> </small>» alors le CFPJ. Déjà, les employeurs contrôlaient largement la structure. Via la taxe d’apprentissage, qu’ils choisissaient de verser - ou non - à l’école. Via le recrutement dans leur équipe de nouveaux diplômés, surtout. Désormais, ils décideront directement, puisque TF1, Havas, l’agence Capa, <i>Le Monde</i>, <i>Midi libre</i>, France3 entrent au conseil d’administration et placent Pierre Lescure (alors PDG de Canal+) à sa tête.</p>
<p>Dans la trajectoire du Centre, cette faillite a permis une rupture : les gardiens du temple ont été limogés et les archives supprimées. Si bien que les traditions, et leurs dépositaires, ne sont plus là pour freiner l’ascension de l’argent-roi. Ce basculement se perçoit dans la pédagogie, avec un savoir-faire techniciste qui éclipse le savoir humaniste<small class="fine"> </small>; dans le lieu, avec une bibliothèque rayée des murs<small class="fine"> </small>; dans une hausse vertigineuse des frais d’inscription, multipliés par 2,3 en cinq ans. Et jusque dans le vocabulaire : le CFJ est devenu le Groupe CFPJ. A l’entrée, une affichette ne parle plus de l’école mais de <i>«<small class="fine"> </small>l’accès à l’entreprise<small class="fine"> </small>»</i>. Quant à la directrice, elle proclame : <i>«<small class="fine"> </small>La maison mère, qu’entre nous on appelle holding...<small class="fine"> </small>»,</i> et nourrit des ambitions de magnat : <i>«<small class="fine"> </small>On étudie, en ce moment, comment se tourner à plein vers le management.<small class="fine"> </small>» «<small class="fine"> </small>La SA, on souhaite qu’elle devienne énorme. On veut en faire quelque chose de lourd, de fort, de numéro un.<small class="fine"> </small>»</i></p>
<p>Comme dans un miroir grossissant, se découvre au CFJ un reflet des médias, de leurs réflexes, de leurs renoncements. A l’image de journaux cotés en Bourse ou fleurons de groupes industriels, cet établissement d’élite est ravalé par le libéralisme ambiant. Entre ses murs s’enseigne ce journalisme ordinaire, convenu et convenable, sans risque et sans révolte, dépourvu d’espérance mais rentable, qui écrase les rédactions de sa pesanteur.</p>
<p><i>«<small class="fine"> </small>Mais c’est terrible<small class="fine"> </small>!</i> se rebiffe un élève. <i>Dans cette école, on ne s’épanouit pas du tout.<small class="fine"> </small>»</i> Le responsable de la première année réplique, amusé : <i>«<small class="fine"> </small>Mais heureusement<small class="fine"> </small>! Vous n’êtes pas là pour vous épanouir. Ce serait un très mauvais service à vous rendre que de vous épanouir. Parce qu’après, quand vous travaillerez dans les boîtes, il faudra bien vous résigner, après.<small class="fine"> </small>»</i> Que les jeunes entrent dans les rédactions déjà vaincus, c’est un louable progrès. Voilà qui leur épargne de futures désillusions et qui évite à leurs employeurs des conflits, des mutineries, des bouffées d’utopie. Les voilà prêts pour une éternité de publi-reportages, eux qui ont renoncé d’avance. Les voilà mûrs pour des «<small class="fine"> </small>unes<small class="fine"> </small>» sur le sexe en été, le salaire des cadres, le marché de l’immobilier, le palmarès des meilleurs lycées, le classement des grands vins français, eux qui, marchands de phrases cyniques, blasés avant leurs premiers pas, vivront du commerce des mots.</p>
</div>
<div class="lesauteurs"><p class="nom">François Ruffin</p>
<div class="crayon article-signature-9931 bio">Responsable du journal <i>Fakir</i> (Amiens), auteur des <i>Petits soldats du journalisme</i>, Les Arènes, Paris, 2003.</div>
</div> interview avec Fabrice Arfi,…tag:elevons-niveau-nos-democraties.ning.com,2015-10-05:5231443:Comment:113032015-10-05T05:18:13.542Ztinsmarhttp://elevons-niveau-nos-democraties.ning.com/profile/tinsmar
<p></p>
<p><strong>interview avec Fabrice Arfi, membre du collectif informer n'est pas un délit</strong></p>
<p><strong><span> " 7 milliardaires contrôlent 95% de la production journalistique en France. Tout va bien les gars, tout va bien.</span><br></br><span>Vous comprenez pourquoi mon journal du matin, moi, c'est ici que je le trouve, avec toutes vos actualités en publications. Ce qui n'empêche pas de soutenir la presse libre et indépendante."…</span></strong></p>
<p></p>
<p><strong>interview avec Fabrice Arfi, membre du collectif informer n'est pas un délit</strong></p>
<p><strong><span> " 7 milliardaires contrôlent 95% de la production journalistique en France. Tout va bien les gars, tout va bien.</span><br/><span>Vous comprenez pourquoi mon journal du matin, moi, c'est ici que je le trouve, avec toutes vos actualités en publications. Ce qui n'empêche pas de soutenir la presse libre et indépendante."</span></strong></p>
<p style="text-align: center;"><strong><iframe width="560" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/4TLHwvsM-lE?rel=0&wmode=opaque" frameborder="0"></iframe>
</strong></p> Table ronde sur le sujet de l…tag:elevons-niveau-nos-democraties.ning.com,2014-04-08:5231443:Comment:94082014-04-08T13:44:03.112Ztinsmarhttp://elevons-niveau-nos-democraties.ning.com/profile/tinsmar
<p><strong>Table ronde sur le sujet de la démocratie, des médias et de la liberté d'expression du samedi 22 septembre 2012, lors de sa première université d'automne. </strong></p>
<p><br></br> <strong>Avec comme intervenants de gauche à droite :</strong></p>
<p><strong>Slobodane Despot, Alain Benajam, Abdelkrim Mansouri, Inès Benajaoud en modératrice, Robert Ménard, Etienne Chouard et François…</strong></p>
<p><strong>Table ronde sur le sujet de la démocratie, des médias et de la liberté d'expression du samedi 22 septembre 2012, lors de sa première université d'automne. </strong></p>
<p><br/> <strong>Avec comme intervenants de gauche à droite :</strong></p>
<p><strong>Slobodane Despot, Alain Benajam, Abdelkrim Mansouri, Inès Benajaoud en modératrice, Robert Ménard, Etienne Chouard et François Asselineau.</strong></p>
<p><strong><object width="475" height="267" classid="clsid:d27cdb6e-ae6d-11cf-96b8-444553540000" codebase="http://download.macromedia.com/pub/shockwave/cabs/flash/swflash.cab#version=6,0,40,0"><param name="allowFullScreen" value="false"></param><param name="allowscriptaccess" value="never"></param><param name="src" value="//www.youtube.com/v/aHveRc6EoFE?version=3&hl=fr_FR&rel=0"></param><param name="allowfullscreen" value="false"></param><param name="wmode" value="opaque"></param><param name="_origwidth" value="640"></param><embed wmode="opaque" width="475" height="267" type="application/x-shockwave-flash" src="//www.youtube.com/v/aHveRc6EoFE?version=3&hl=fr_FR&rel=0" allowfullscreen="false" allowscriptaccess="never"></embed> </object>
</strong></p> L'ex-journaliste de CNN, Ambe…tag:elevons-niveau-nos-democraties.ning.com,2013-03-31:5231443:Comment:82202013-03-31T09:46:23.693Ztinsmarhttp://elevons-niveau-nos-democraties.ning.com/profile/tinsmar
<h5 class="uiStreamMessage userContentWrapper"><span class="messageBody">L'ex-journaliste de CNN, Amber Lyon, affirme avoir reçu l'ordre de diaboliser l'Iran et la Syrie</span></h5>
<p><span class="messageBody"><a href="http://storage.ning.com/topology/rest/1.0/file/get/3133659422?profile=original" target="_self"><img class="align-center" src="http://storage.ning.com/topology/rest/1.0/file/get/3133659422?profile=RESIZE_320x320" width="300"></img></a></span></p>
<h5 class="uiStreamMessage userContentWrapper"><span class="messageBody">L'ex-journaliste de CNN, Amber Lyon, affirme avoir reçu l'ordre de diaboliser l'Iran…</span></h5>
<h5 class="uiStreamMessage userContentWrapper"><span class="messageBody">L'ex-journaliste de CNN, Amber Lyon, affirme avoir reçu l'ordre de diaboliser l'Iran et la Syrie</span></h5>
<p><span class="messageBody"><a href="http://storage.ning.com/topology/rest/1.0/file/get/3133659422?profile=original" target="_self"><img width="300" src="http://storage.ning.com/topology/rest/1.0/file/get/3133659422?profile=RESIZE_320x320" width="300" class="align-center"/></a></span></p>
<h5 class="uiStreamMessage userContentWrapper"><span class="messageBody">L'ex-journaliste de CNN, Amber Lyon, affirme avoir reçu l'ordre de diaboliser l'Iran et la Syrie afin de favoriser l'opinion publique pour pouvoir mener une invasion militaire. Elle dit que le même scénario utilisé avec l'Irak est prêt à être utilisé et que CNN reçoit de l'argent du gouvernement américain pour sélectionner un genre de nouvelle face à une autre afin de manipuler et fabriquer l'opinion publique.</span></h5>
<p></p>
<p><span class="messageBody"><span>Ex- CNN Reporter: I Received Orders to Manipulate News to Demonize Syria and Iran </span><br/><br/><span>PRAGUE, (SANA)- Ex-CNN reporter Amber Lyon revealed that during her work for</span><span class="text_exposed_show">the channel she received orders to send false news and exclude some others which the US administration did not favor with the aim to create a public opinion in favor of launching an aggression on Iran and Syria.<br/><br/>Lyon was quoted by the Slovak main news website as saying that the mainstream US media outlets intentionally work to create a propaganda against Iran to garner public opinion's support for a military invasion against it.<br/><br/>She revealed that the scenario used before launching the war on Iraq is being prepared to be repeated where Iran and Syria are now being subject to constant 'demonization'.<br/><br/>The former reporter clarified that the CNN channel manipulates and fabricates news and follows selectiveness when broadcasting news, stressing that the Channel receives money from the U.S. government and other countries' governments in exchange for news content.<br/><br/>Mar 30, 2013</span></span></p>
<p></p>
<p></p>
<p><strong><span style="text-decoration: underline;">Amber Lyon :</span></strong></p>
<p><span>Amber Lyon est une journaliste qui a gagnée trois-fois l'Emmy Award, et ex.correspondant de CNN. Elle a couvert la mouvement Bahreïni non-violent sur le terrain, et elle a été attaqué par la police de Bahreïn. Depuis lors, elle est devenue l'un des journalistes américaines les plus cités sur la lutte pour les droits civils à Bahreïn</span></p>
<p><span><span>Lyon a été licenciée par CNN après qu’elle eut refusé d’arrêter de rapporter sur son expérience de terrain concernant la torture systématique et les meurtres dont sont victimes les manifestants au Bahreïn aux mains de leur gouvernement.</span></span></p>
<p><span><span><span>Lyon dit que la Chine et bien d’autres nations étrangères et autoritaires paient également CNN et d’autres chaînes de télévision de masse pour qu’elles diffusent des morceaux de propagande flatteuse et choisis.</span></span></span></p>
<p></p>
<p></p>
<p><span style="text-decoration: underline;"><strong>Articles autour d'Amber Lyon</strong> :</span></p>
<p><a href="http://lejournaldusiecle.com/2012/09/05/bahrein-cnn-etouffe-un-reportage-sous-la-pression-du-regime/" target="_blank">Bahreïn : CNN étouffe un reportage sous la pression du régime</a></p>
<p><a href="http://www.pcfbassin.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=6091:media-et-propagande-une-journaliste-de-cnn-expose-la-propagande-systemique-de-la-pressetituee&catid=9&Itemid=8" target="_blank">Une journaliste de CNN expose la propagande systémique de la pressetituée</a> (Entendez : Presse Prostituée) Article d'origine ci-bas.</p>
<p><span><em><span><a href="http://www.infowars.com/3-time-emmy-award-winning-cnn-journalist-mainstream-media-takes-money-from-foreign-dictators-to-run-flattering-propaganda/print/" target="_blank">CNN Journalist: Mainstream Media Takes Money from FOREIGN Dictators to Run Flattering Propaganda</a> Le 1er Octobre 2012 </span></em></span><em style="font-size: 13px;">url de l’article original: </em></p>
<p><em style="font-size: 13px;"><a href="http://www.youtube.com/watch?v=65ZtliT1qqc" target="_blank">Vidéo de l’interview d’Amber Lyon:</a> (43 minutes en anglais)</em></p>
<p></p>